Chronique

Logan Richardson

Afrofuturism

Logan Richardson (as, p, elp, synth), Igor Osypov (g), Peter Schlamb (vibes, elp), Dominique Sanders (b, prod), Ryan J. Lee (dm, b), Corey Fonville (dm), Laura Taglialatela (voc), Ezgi Karakus (cello)

Label / Distribution : Whirlwind

Après avoir longtemps traîné ses guêtres à Paris, le saxophoniste Logan Richardson s’en est retourné dans son foyer de Kansas City pour produire un dernier album en forme de manifeste afro-futuriste. Renouant avec les mânes d’un Charlie Parker au sax alto (autre natif de K.C.), par des incandescences bop, il n’en est pas moins un démiurge contemporain à l’affût des sons de l’avenir.

Du trap notamment, ce rejeton du hip-hop venu des ghettos d’Atlanta, dont les rythmes délibérément brouillons et agressifs et les mélodies sombres parsèment le disque comme un blues synthétique. Des effluves gospel issues du patrimoine afro-américain percent de-ci de-là. L’amour des siens a même poussé le leader à inclure un bref interlude avec la voix de sa grand-mère pour un blues a cappella. Un violoncelle à la préciosité émouvante, démultiplié par l’électronique, tempère la colère qui sourd, tout en lui conférant une dignité certaine.

On ne saurait en effet ignorer que si le leader est un conteur d’exception, il n’en est pas moins sensible, avec son groupe Blues People, aux brutalités policières dont ses contemporains font l’objet (« Round Up », déchirante complainte post-rock). Cette vision de l’avenir, ancrée dans un présent pessimiste, n’en est pas moins une quête optimiste, par la joie du jeu collectif que Richardson a su galvaniser, comme des rayons de soleil printaniers (« Sunrays »).