Chronique

Kurt Elling

The Beautiful Day. Kurt Elling sings Christmas

Kurt Elling (voc, perc), John McLean (g), Stuart Mindeman (p), Clark Sommers (b), Jill Kaeding (cello), Jim Gailloreto (ss), Kendrick Scott (d), Luiza Elling (voc)…

Label / Distribution : Okeh Records

Kurt Elling se pose en icône masculine (d’aucun-e-s diraient masculiniste) d’un jazz vocal mainstream mais exigeant. Il s’est plié à l’exercice du disque de Noël auquel nombre de ses prédécesseurs s’étaient prêtés auparavant, dont bien sûr Frank « The Voice » Sinatra, un mec qui en avait lui aussi (de la voix). Exercice obligé ? Voire.
L’essai est ici à la fois spirituel, mystique et musical : de fait, l’art vocal du leader est empreint d’efforts bluesy et modaux, tout en faisant preuve d’une fidélité absolue à l’esprit et à la lettre des partitions originales. L’on navigue entre vocalisation d’une pièce classique du compositeur Edvard Grieg et révérence soul à Donny Hathaway (esprit churchy oblige).
Pour servir la messe (on avouera avoir du mal avec le prêchi-prêcha, mais après tout, Elling est fils d’un musicien d’église et a baigné dans une ambiance chrétienne toute son enfance), de redoutables musiciens, tel l’extraordinaire contrebassiste Clark Sommers, le plus ancien des compagnons de route du chanteur ou encore Kendrick Scott, plus que jamais brillant à la batterie, notamment sur un renversant beat Nouvelle-Orléans. Mention spéciale au saxophoniste soprano Jim Gailloretto, confondant de justesse et de swing. En fin de compte, c’est bien le chanteur qui mène la danse, avec ce falsetto inédit dans la voix, soufflant le chaud et le froid par son timbre unique : sa voix est un orchestre à même d’illuminer la fin du repas de noël (sans majuscule), voire de Pâques, ou même du premier mai (en famille cela va sans dire, d’ailleurs sa fille Luiza est présente sur l’album). Kurt Elling, le gendre jazz idéal.