Chronique

Magic Malik Orchestra

Bingo Live au Sunset

Malik Mezzadri (fl), Jean-Luc Lehr (b), Jozef Dumoulin (clav), Maxime Zampieri (dm), Franck Vaillant (dm), Sanne Van Hek (tp)

Label / Distribution : Odduara Music

On avait laissé le Magic Malik Orchestra en 2008 avec Saoule, un disque exutoire qui synthétisait à la fois les désormais fameux « XP » et une volonté d’immédiateté. Depuis plus de sept ans, ce langage musical numéroté en « XP » caractérise la musique que Malik élabore en compagnie de ses fidèles, le batteur Maxime Zampieri, le bassiste Jean-Luc Lehr ou le claviériste Jozef Dumoulin. Ces deux derniers comparses, Malik Mezzadri les côtoie depuis cinq ans lors de ses multiples échanges avec Octurn, et leur influence - patente au fil des expériences - a durablement marqué sa musique. Elle concourt en tous cas à cette constante recherche de la couleur évocatrice, et à l’union vaporeuse entre la légèreté du métal et la profonde nébulosité électronique.

C’est avec ces fidèles qu’on retrouve l’Orchestra réduit à un quartet de base. Au fil des morceaux se greffent parfois la trompette de la jeune et talentueuse Sanne Van Hek - belle découverte de la scène néerlandaise -, aérienne sur « Junon 3 » et complémentaire des envolées de Malik, et la batterie de Franck Vaillant, qui vient parfois suppléer Zampieri dans la construction abstraite d’une complexité rythmique exacerbée. La continuité entre les « XP » (un « Limited XP3 » ouvre d’ailleurs l’album) et les « Junon », nouvelle référence de numérotation des morceaux de Malik) font de Bingo un album de transition qui vient confirmer le retour de l’Orchestra à une musique plus incarnée, organique, impérieuse et que le live galvanise.

Au-delà de cette musique régénérée, électrisée et asséchée, on est frappé par l’occultation du public, comme si l’on était dans un club déserté. Bien sûr, la présence des spectateurs est dans l’implication des musiciens ; mais l’énergie brute libérée par le groupe, telles les colères allégoriques de Junon, paraît se perdre délibérément dans les limbes. Le procédé est le même que pour XPs Live, enregistré avec Octurn en 2006. Il donne parfois un aspect irréel, comme en suspens, à cette musique en perpétuelle expansion. Les batteurs prennent une importance de plus en plus patente dans l’édification complexe des morceaux, soutenus en cela par l’omniprésence de la basse funkysante de Lehr. Ce rapport entre l’assise orageuse de la rythmique et les phrases impulsives égrenées dans le dialogue privilégié - pour ne pas dire fusionnel - entre Malik et Jozef Dumoulin construit une musique puissante et foisonnante. Un dialogue qui encadre tout au long de l’album un propos constamment entropique qui laisse présager de futures découvertes.