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Edition du 23 avril 2024 // Citizenjazz.com / ISSN 2102-5487

Les dépêches

Magic Malik à Francheville

COMMUNIQUE :

« AVANT SONS »…
concert à FRANCHEVILLE
JEUDI 18 JANVIER a 20h30
IRIS - Salle Barbara à 20h30

SHÔGUN est un projet live par excellence : c’est la confrontation des univers musicaux de trois artistes hors catégorie : aux platines, DJ REBEL, docteur ès-scratch ; MAGIC MALIK, accroché à sa flûte enchantée et à ses harmonies vocales transcendantes et maître de cérémonie, DJ OIL (Troublemakers).

MAGIC MALIK :

Il est des musiciens dont le fil conducteur est un chemin qui préfère fuir les lignes droites parfois jugées trop faciles, pour s’aventurer au gré des envies et des circonstances, vers des destinations musicales inexplorées qui tisseront finalement, ce fil. Cette marque de fabrique est souvent l’apanage des grands, de ceux que l’on nommera plus tard (ou que l’on nomme déjà) des chefs de file, des précurseurs, des défricheurs majeurs. Si la carrière de Magic Malik se nourrit principalement aux yeux du grand public de participations nombreuses à des projets aussi hétéroclites que plébiscités, elle prend une dimension toute singulière dans le cadre d’un projet solo d’envergure qui ouvre la voie à un jazz nouveau et cérébral, au même titre que le M-base colemanien outre-atlantique, ou l’avant-gardisme d’Aka Moon chez nos voisins belges.

A trente-cinq ans, Malik en est maintenant à son cinquième opus, sorti en octobre 2005. De cinq musiciens, ils ne sont pour ce projet pas moins de dix sur les traces d’un jazz sériel, polyrythmique, aux saveurs parfois free. Nouveau volet des expérimentations du flûtiste, XP-2 poursuit en effet le travail amorcé sur l’album en deux cds intitulé 00-237 XP 1, prolongé par 13 XP Song Book (treize chansons populaires revues et nettement corrigées).

« Études » autour de la forme, de l’architecture des compositions, du langage musical, les XP (terme générique pour « expériences ») permettent au musicien d’entrer dans la matière rythmique, harmonique, mélodique, sous des contraintes formelles, pour aussi en sortir selon l’inspiration des intervenants. Des intervenants choisis par le leader pour apporter dans les espaces laissés leur personnalité, leurs idées. Autour de Malik Mezzadri, les membres de l’Orchestra : Sarah Murcia (contrebasse), Or Salomon (claviers), Maxime Zampieri (batterie), Denis Guivarch (saxophone). Plusieurs invités s’ajoutent à sa formation : Gilles Coronado (guitare), Dj Rebel (platines), Jean-Luc Lher (basse électrique), Bo Wanderwerf (saxophone baryton et ténor), Steve Coleman (saxophone alto). Ce goût du changement, cette avidité pour la « recherche musicale », provient sans doute d’une formation empreinte d’ouverture, tant géographique que musicale.

Avant quinze ans, Malik est un garçon un peu secret, faiblement motivé par l’académisme scolaire, baigné dans le milieu du théâtre (son père, Arthur Lerus, est auteur et metteur en scène, fondateur du « Théâtre du cyclone »). Il apprend le solfège le mercredi après-midi et quitte rarement sa flûte à bec : « Je jouais des petits airs tranquilles, j’improvisais n’importe où… C’était mon univers, mes moments d’intimité ». Le vrai déclic survient quand Malik rencontre Marc Rovelas, professeur de flûte traversière à Pointe-à-Pitre : « Ça a été la révélation. Il m’a fait découvrir Bach, puis Xenakis, Ravel, Stockhausen… J’étais ébloui, Je compris que ma vie prenait tout à coup un sens ! ». Le choc est tel qu’il abandonne la scolarité - il est alors inscrit en classe de première - et décide de gagner la métropole pour étudier au conservatoire de Marseille…

Malik n’a pas dix-huit ans, du retard à rattraper pour se hisser au niveau requis par le cours préparatoire supérieur, mais il a trouvé sa voie. Il réussit brillamment au conservatoire (obtient le premier prix) et rallie Paris en 1988 « pour quitter un peu la filière classique, partir à l’aventure ». Là, il ne tarde pas à rejoindre une tribu d’artistes alors en pleine effervescence : Human Spirit. « Une période géniale ! Ils m’ont appris la vie sur les routes, sur scène, porteurs de vie, de rêves, de moments précieux de partage en public, j’ai découvert réellement la musique vivante, live, non élitiste mais exigeante. Bref, comment construire une vie à partir de pas grand chose : tu pars et tu traces, tu avances avec l’amour de ce que tu fais ».

Partir, tracer, avancer, c’est aussi ce mot d’ordre qui amène Malik à rejoindre le Groove Gang de Julien Lourau quelques années plus tard. En 1999, cette formation entame une tournée mondiale bouleversante pour l’artiste. A son retour, il se sent prêt pour se lancer dans un deuxième projet d’album sous son nom. Il trouve la formation avec laquelle il tourne et enregistre l’épisode 6996 (Label Bleu). L’un des faits marquants de la carrière de Malik est aussi sa rencontre avec Steve Coleman, qu’il invite à enregistrer avec l’orchestra après que Steve l’a précédemment invité sur une de ses réalisations. L’exemple du Samouraï du Jazz lui sera d’une grande inspiration. Le projet oppose une musique dans la continuité du 6996 et une approche qu’il nommera XP comme expérience, approche plus systémique plus expérimentale.

« Je pense que des gens comme Julien Lourau, DJ Gilb’R, Laurent Garnier ou encore St Germain, ont vraiment fait un travail de déblayage qui a modifié le mode d’écoute du public. J’ai l’impression aujourd’hui que beaucoup de gens perçoivent la musique au-delà des styles, qu’ils sont sensibles à ce qui s’exprime derrière l’étiquette. C’est plus une écoute de cœur qui commence à se développer ».

Malik continue sur le chemin des rencontres avec Cachaito Lopez du Buena Vista Social Club, il y sera introduit par Anga Diaz. Il tourne avec eux en 2002, Ce sera pour lui une expérience marquant la reconnection avec la musique afro-caribéenne. Il rencontre également les Trouble Makers de Marseille, une manière de reconnecter avec sa ville natale de musicien. Ils forment avec DJ Oil et DJ Rebel un trio qu’ils appelleront Shogun. Malik ne cesse de multiplier les styles et les collaborations, il joue aussi avec Nelson Veras et participe à son disque ; même chose avec le quintet de Pierrick Pedron, enregistre avec Oumou Sangare par l’intermédiaire de Nick Gold (Souvenez vous, Buena Vista Social Club). Il participe également à des concerts du groupe Akamoon suite a la rencontre de Fabricio Cassol (saxophones). « Toutes ces collaborations sont pour moi de véritables ateliers de travail qui me permettent d’élargir mes horizons et de progresser dans des directions différentes », souligne le flûtiste éclectique.
En effet, qu’il s’agisse des pulsations house et des sons urbains de St Germain, du jazz apatride du Groove Gang de Julien Lourau ou de la pop classieuse de -M-, Malik a toujours su donner du sens aux rencontres et incarner son instrument avec humanité et élégance.

« Ma mère raconte que j’étais souvent devant la radio, à essayer de reproduire les mélodies avec un petit vibraphone diatonique… J’ai toujours aimé ça, la musique, ça m’a toujours parlé. Il n’y avait pas besoin de mots. Quand j’écoutais certains morceaux, j’entendais du sens… »

A nous désormais d’en découvrir derrière chacune des expériences musicales du flûtiste de la Guadeloupe.

P.-S. :


Les Avant-sons sont partenaires de Suivez’ le Jazz
Concert tout public
Places à l’unité : 10€ (tarif normal), 5€ (tarif réduit)