
Max Santner & Mankai
Name The Color
Dora Osterloh (voc), Silvan Schmid (tp), Simon Jermyn (b), Max Santner (d).
Label / Distribution : Boomslang Records
Né en 1991 à Salzbourg, ville qui voue un culte à Wolfgang Amadeus Mozart, Max Santner a développé rapidement des talents de compositeur, très vite confirmés par l’obtention du Prix autrichien du jazz Joe Zawinul Preis en 2008. Expatrié à Berlin où la scène musicale contemporaine ne cesse de se renouveler, ce musicien touche à tout est membre fondateur de KIM Collective qui organise un festival de musique annuel dédié aux musiques improvisées. En 2018, il a remporté le BeJazz Transnational Preis avec son groupe HUM. Depuis, il anime Keao, un duo avec le claviériste Mark Pringle et le projet Mankai qui a la particularité d’unir une voix féminine et une trompette avec une section rythmique traditionnelle.
Les sept compositions qui se suivent sur Name The Color adoptent un équilibre entre les parties improvisées et écrites. Bien souvent, la façon de composer est originale, passant outre les refrains déclinés habituellement au début et à la fin des thèmes. En moins de quatre minutes, « Oikos » s’impose de suite comme l’identité sonore du groupe, l’unisson de la voix de Dora Osterloh et de la trompette de Silvan Schmid s’envole, la contrebasse de Simon Jermyn et la batterie du leader subliment l’ancrage terrien avec une souplesse remarquable. « In Everything » a des réminiscences d’ambiances créées naguère par Barre Phillips et Aina Kemanis ; très vite, l’improvisation du trompettiste atteint des sommets de musicalité, bien soutenue par la pulsation régulière du contrebassiste et avec la cymbale jouée ici de manière métronomique. Le final atypique du morceau passe par des changements de rythmes conjugués à une combinaison d’accélérations et de ralentissements des tonalités. Max Santner démontre son talent de compositeur et sa maîtrise de la science harmonique.
Passant allègrement de l’improvisation aux profondeurs harmoniques, Dora Osterloh sublime le registre émotionnel dans « Tillmon », qui témoigne de son travail accompli au sein de sa formation vocale Ensemble O. Membre du Gamut Kollektiv, dont le but est d’explorer et de mettre en œuvre de nouveaux projets, Silvan Schmid participe à de nombreux groupes, ses abstractions sonores n’étant jamais dissociées de son lyrisme intense. Originaire d’Irlande, Simon Jermyn a migré par la suite à New-York et Berlin, il fait preuve en continu d’une grande assurance ; son expérience musicale partagée avec Ingrid Laubrock, Jim Black, Tom Rainey, Simon Nabatov parle d’elle même.
Une inspiration constante traverse cet album, le quartet est soudé, prompt à réagir collectivement lors des diverses orientations thématiques. Mankai possède une identité certaine, ses harmonies se révèlent captivantes.