Chronique

Elisabetta Antonini - Alessandro Contini

( R)EVOLUTION

Elisabetta Antonini (voc), Alessandro Contini (voc), Alessandro Gwis (p, electronics), Michele Rabbia (d), Nils Petter Molvaer (tp).

Label / Distribution : Music Vox

C’est indéniable, Elisabetta Antonini prend son temps : il y a dix ans elle enregistrait The Beat Goes On en quintet avec de superbes interventions au saxophone de Francesco Bearzatti. Elle nous revient aux côtés du chanteur, auteur, compositeur Alessandro Contini, spécialiste des répertoires de la musique ancienne et contemporaine, de même que vocaliste soliste dans le Gerardo di Lella Big Band. Cette association donne naissance à un album traversé par d’innombrables influences musicales et textuelles, de l’écrivain maudit de la Beat Generation Charles Bukowski au reporter-photographe franco-brésilien Sebastião Salgado. Les nuances musicales qui abreuvent ( R)EVOLUTION se fondent dans les textes évocateurs de Michael Rosen, spécialement écrits pour les compositions d’Elisabetta Antonini et d’Alessandro Contini.

La trompette vaporeuse de Nils Petter Molvaer imprègne « Suite For Pina Bausch », les vocalises entremêlées ne sont pas sans rappeler des climats nostalgiques chers à Robert Wyatt, ce qui contraste fortement avec les scansions développées dans « For Fela ». Quant aux improvisations, elles se limitent au trompettiste et aux incursions du piano électrique d’Alessandro Gwis. Le duo vocal reste concentré sur le développement des mélodies et les quelques envolées en chœur se propagent par une amplitude sonore qui progresse en étapes successives, comme s’il fallait gommer des aspérités. L’exotisme qui prévaut dans « Blue Bird » et « Paradox » s’accole aux pulsations régulières de la batterie de Michele Rabbia que l’on a connu plus incisif. Toute escapade en direction de l’atonalité est bannie.

Extrêmement raffiné et proche d’inclinaisons musicales qui sont l’apanage de la pop music, ( R)EVOLUTION s’oriente vers une simplicité harmonique. Des ambiances voilées s’y succèdent, traversées par la verticalité des improvisations qui tranchent avec l’environnement sonore linéaire.