Chronique

Twirls

Tides & Shadows

Alexander Beierbach (ts, ss), Nicolas Schulze (p), Meinrad Kneer (cb), Yorgos Dimitriadis (dm)

Label / Distribution : Tiger Moon Records

La notion de musique essentielle prend forme sous les traits du duo composé d’Alexander Beierbach aux saxophones et Nicolas Schulze au piano. En huit pièces, toutes évocatrices d’ambiances feutrées, ces musiciens accomplis démontrent que leur concept musical est mûrement réfléchi.

« Blink » laisse entendre une complainte nimbée d’un romantisme éclatant semblable à des vitraux éclairés par une lumière automnale, Nicolas Schulze fait ici preuve de délicatesse. C’est avec « Tide I » que le cheminement musical décolle : Alexander Beierbach marche avec sagacité dans les pas de Steve Lacy pour s’engager avec perspicacité dans « Tide II » ; le murmure obstiné de la litanie se précise pleinement. « Driftwood I » et « Driftwood II » se succèdent élégamment, le souffle du saxophone laisse s’installer un climat épuré qui ouvre des perspectives pianistiques qui magnifient le dialogue. « Encore », empreint également d’une couleur lacyenne bienvenue, apporte un espace solennel d’une lisibilité exquise.

Puis le duo accueille Meinrad Kneer à la contrebasse et Yorgos Dimitriadis à la batterie : c’est une adjonction de sonorités organiques qui entrent en jeu. « Another Blink » confirme l’audace du contrebassiste qui récidive dans « Buoy », ce qui permet alors au pianiste de s’épancher ardemment. La déclamation interne de « Night » suggère progressivement des tensions et affirme la capacité du quartet à construire un canevas musical inventif.

Comme un acte poignant d’intensité, « Shadows » clôt ce double album splendide, les interactions de ces quatre instrumentistes accomplissent une forme de dramaturgie sans jamais surjouer de phrasés musicaux. Tides & Shadows sublime pleinement la beauté.