Melody Gardot

My One And Only Thrill

Tout : la pochette glamour, blonds cheveux moussants et trench-coat noir, la campagne de promotion à grand renfort de pathos - cette façon d’insister sur le très grave accident et la rééducation par la musique -, la production et l’orchestration luxueuses et convenues, tout est fait pour nous présenter Melody Gardot comme le énième clone de Norah Krall, Molly Jones ou Diana Johnson, comme il vous plaira. Tant il est vrai que l’élevage en batterie de chanteuses jazzy préfabriquées reste, aux Etats-Unis, une industrie florissante. Jusqu’au nom qui, pour le public français, sonne comme une synthèse gainsbourienne hyper-marketing.

Pourtant Melody Gardot semble être un peu plus qu’un produit sous blister pour têtes de gondoles. En grattant un peu sous les nappes de violons et les suaves trompettes, on distingue une voix juste, expressive, dans la lignée d’aînées comme Peggy Lee ou Julie London. Le référentiel jazz-variété-folk laisse transparaître des signes de personnalité, une façon de scatter sur « If the Stars Were Mine », une âpreté sur « Who Will Comfort Me » ou « Your Heart is As Black As Night », comme autant d’indices que la dame vaut mieux que cela. Et, qui sait, pourrait un jour nous surprendre.