Chronique

Michel Benita & Ethics

River Silver

Matthieu Michel (bugle), Mieko Miyazaki (koto), Eivind Aarset (g), Michel Benita (cb), Philippe Garcia (perc)

Label / Distribution : ECM

Michel Benita avait déjà enregistré pour ECM mais River Silver est le premier disque qu’il publie en son seul nom sur le prestigieux label allemand. Un acte fort sans aucun doute ; si cet album est le second projet qu’il conduit avec cette formation, l’esthétique générale est plus planante que ne l’était Ethics. Il n’est d’ailleurs pas anodin qu’un morceau de cette rivière d’argent s’intitule « I See Altitude ». Car Michel Benita nous amène voguer à des hauteurs au moins stratosphériques où les sons ne semblent heurter aucune force contraire, ni être soumis à une quelconque attraction. Ou si peu. Les lignes de chaque instrument se déploient comme à l’infini et semblent comme suspendues dans l’espace. Pourtant, à y regarder de près, le tempo de « Toonari » ne relève pas de la ballade. Pas plus que « Back from the Moon », cette autre référence directe à l’espace, ni que « Hacihi Gatsu » où koto - en l’occurrence sous les doigts de Mieko Miyazaki - et contrebasse nous proposent, en duo, une déambulation jubilatoire.

On ferait volontiers le lien avec Mexico d’Erik Truffaz, le psychédélisme en moins, et la comparaison est loin d’être absurde puisque Michel Benita comme Philippe Garcia ont longtemps œuvré auprès de lui. Et puis le jeu de Matthieu Michel n’est pas sans lien avec celui du trompettiste de Human Being. Sûrement cette même manière de susurrer, dont « Lykken » ou « Toonari » sont les morceaux les plus emblématiques. La guitare d’Eivind Aarset est très discrète : pas de chorus tonitruant, certes, mais ce n’est pas du tout l’esthétique de cet album qui verse plutôt dans la recherche d’une de sereine béatitude, de quiétude et de ravissement.