Chronique

Mirtha Pozzi

TZIMX

Mirtha Pozzi (perc, elec, fx)

Label / Distribution : Nowlands Records

Quiconque a déjà découvert Percussions du Monde, album mythique du duo de Mirtha Pozzi et Pablo Cueco, le sait ; il y a mille façons d’aborder la frappe. Quand on sort des sentiers battus en matière de rythmes, ou plutôt qu’on en revient aux sentiers recouverts de chiendent, que l’on abandonne le côté performatif voire athlétique, on entre dans une autre dimension. Celle du sensible, celle de la scansion qui est si proche de la respiration et de la voix ? Celle du son tout simplement qui est au centre du travail des deux percussionnistes. Pour TZIMX, Mirtha Pozzi est seule, et c’est assez rare. La direction est la même que celle d’un Wiwex Quartet par exemple, mais bien plus personnelle, comme une quête intérieure.
 
Pozzi explore son propre monde, dans des pièces très ordonnancées, des cycles qui s’offrent le luxe d’agir comme des cercles concentriques : ainsi, si le pétulant « Fla Plak » est le seul morceau pour plaque de tôle, il s’intègre à la fois dans un cycle de quatre morceaux, comme autant d’expressions différentes, mais aussi dans une suite, « Cuik Plak Tri-Güamik », qui peut s’écouter indépendamment. Tout ceci paraît très codé, mais la musique est lumineuse et organique, au point de se passer de notice. Certes, chaque pièce est construite avec le même squelette, mais les transitions se font naturellement. « Touch’métamorphiques » pour clavier d’ardoises corréziennes (sic) est ainsi une entité en elle-même, sans doute la plus colorée
 
Mirtha Pozzi parle la percussion ; le tambour est son langage, sa grammaire. Cela s’entend forcément dans les poèmes sonores, à la voix seule comme ce beau « Mkata Sch » tiré du triptyque Autrement Dit, écrit pour ensemble vocal. Il en ressort un mécanisme cohérent et précis comme un moteur d’horloge. Une tocante qui ordonnerait son temps propre mais qui ne rechignerait pas à se régler sur d’autres fuseaux. C’est ainsi que Cueco s’invite, sans faire le coucou, dans des sons électroacoustiques fixés sur lesquels Pozzi développe ses propres articulations. Ces deux-là dialoguent depuis si longtemps… TZMIX est une œuvre aboutie et personnelle. Un album qui ne se lasse d’aucun recoin et veut les visiter tous.