Entretien

Naíma Acuña, une nouvelle voix aux tambours

Rencontre avec une batteuse espagnole en partenariat avec le magazine In&OutJazz

Élevée dans une famille de musiciens, la batteuse découvre très tôt le jazz et se forme à la musique. Rapidement repérée, elle enchaîne les collaborations décisives et débute une carrière qui tend vers l’international. Elle répond à quelques questions sur son parcours.

- Quand et comment la musique est-elle apparue dans votre vie ? Quel souvenir gardez-vous de votre premier contact avec la musique ?

Cela s’est produit alors que je n’étais encore qu’un bébé. Mes parents m’ont emmené voir Miles Davis au Royal Festival Hall de Londres alors que je n’avais que quelques mois, dans un petit panier en osier. Mon premier contact avec la musique s’est fait par le biais du guitariste Ike Isaacks, mentor de guitaristes comme Martin Taylor et mon père, José A. Acuña, qui est également guitariste. Dès mon plus jeune âge, je regardais Ike et mon père jouer ensemble à la maison, et j’essayais de les imiter avec une petite guitare ou un clavier qui n’étaient en fait que des jouets.

- Quand le jazz est-il entré dans votre vie ? Que signifient pour vous le jazz et la musique improvisée ?

Dès mon plus jeune âge, le jazz était omniprésent à la maison. Je me souviens en particulier d’un album qu’on mettait régulièrement : Eastern Rebellion 3 de Cedar Walton. Le jazz est une expression artistique, un langage universel fascinant empreint de créativité, de liberté et d’expression personnelle. C’est un espace sonore dynamique où le musicien explore, établit des liens et communique. L’improvisation ajoute un élément de surprise et de spontanéité, qui est l’une des nombreuses choses qui le rendent si particulier.

- Parmi toutes les collaborations que vous avez eues avec des artistes de renom, quelles sont celles que vous mettriez en avant ? Qu’avez-vous appris de ces artistes ?

Je ne peux pas en mettre en exergue quelques-unes car elles ont toutes étaient marquantes : Mark Turner, Jasper Høiby, Greg Osby, Pablo Held, Mulgrew Miller, Joel Ross, Matt Brewer, Wolfgang Muthspiel… En fait, il y a un dénominateur commun : la discipline, l’exigence, le professionnalisme et le respect absolu de la musique. Ils sont profondément conscients du « pourquoi » du « pour quoi » de ce qu’ils jouent à chaque instant – s’ils apportent vraiment quelque chose à la musique et à la communion avec les musiciens avec lesquels ils jouent.

- Que pensez-vous qu’ils aient appris de vous ?

Plutôt que d’apprendre de moi, je pense que je leur ai offert une perspective différente sur la manière de jouer musicalement et de se soucier du son de la batterie.

- Écrivez-vous de la musique ? Si oui, quel est votre processus ?

Il s’agit d’une fusion de mélodies complexes mais accessibles avec des harmonies intriquées et sophistiquées, combinées à une variété de rythmes allant du plus subtil au plus énergique, influencés par de nombreux types de musique différents.

- Quels sont vos points forts en matière d’interprétation et de composition ?

Je pense qu’il s’agit de la créativité, de l’interaction musicale, de la polyvalence, du rythme et du son.

- Vous avez de nombreux admirateurs et adeptes. Beaucoup d’entre eux disent que vous avez un style très distinct avec une forte identité. Quelles sont vos plus grandes influences ? Pourriez-vous nous recommander un album ? Et un qui vous met en vedette ?

D’Ali Jackson, Brian Blade, Karriem Riggins et Georges Spanky Mcurdy à Tyshawn Sorey, Eric Harland, Rodney Green, Richard Spaven et Jojo Mayer.
Je recommande Echolocation de Ben Solomon.
Quant à un album sur lequel je figure, je dirais le dernier : Reflexividad de Daniel Juárez, un saxophoniste que j’admire.

- Pourquoi faites-vous de la musique ? Quel est le but ou la recherche qui sous-tend votre créativité musicale et votre vie ?

La musique fait partie intégrante de ma vie, c’est une forme de catharsis personnelle qui me permet d’exprimer des émotions qu’il m’est parfois difficile de transmettre avec des mots. C’est un processus artistique qui me permet d’expérimenter, de créer et, simultanément, de communiquer et d’inspirer, ce qui, selon moi, est l’un des plus beaux aspects du métier de musicien.

Propos recueillis par Jose Cabello (In&OutJazz)

par // Publié le 7 mars 2025
P.-S. :

Cet article est publié simultanément dans les magazines européens suivants, à l’occasion de « Groovin’ High » une opération de mise en avant des jeunes musiciennes de jazz et blues : Citizen Jazz (Fr), JazzMania (Be), Jazz’halo (Be), Jazz-Fun (DE), Donos Kulturalny (PL), In&OutJazz (ES) et Salt Peanuts (DK, SE, NO).

This article is co-published simultaneously in the following European magazines, as part of « Groovin’ High » an operation to highlight young jazz and blues female musicians : Citizen Jazz (Fr), JazzMania (Be), Jazz’halo (Be), Jazz-Fun (DE), Donos Kulturalny (PL), In&OutJazz (ES) and Salt Peanuts (DK, SE, NO)

#Womentothefore #IWD2025