Chronique

Nathalie Loriers & Chemins Croisés

L’arbre Pleure

Nathalie Loriers (p), Karim Baggili (oud), Gianluigi Trovesi (cl), Philippe Aerts (b), Joël Allouche (d)

Label / Distribution : De Werf

Quelques mois après la réédition du réjouissant Silent Spring, Nathalie Loriers publie L’arbre pleure, un album assez différent. En effet, il découle d’un projet en duo oud et piano qui a ensuite été élargi à un quintet multi-national nommé Chemins Croisés.

« Kalila et Dimna » ouvre l’album de belle manière, son arrangement kaléïdoscopique contenant en germe presque tout ce qui sera entendu par la suite. Le piano passe d’un rôle mélodique à percussif puis textural, Gianluigi Trovesi alterne cris étranglés qui épaississent le son d’ensemble et lyrisme qui l’illumine. A la fin d’un solo délicat, Loriers passe la main, avec la plus grande pudeur, à Karim Baggili.

Ce moment est un symbole des négociations constantes entre Orient et Occident : grooves saccadés contre phrasé jazz plus fluide ; une appogiature arabisante suivie immédiatement d’une inflection blues ; un déhanchement funky ici, un virevoltement de danse folklorique là ; tantôt des modulations sophistiquées, tantôt du modal méditatif au tempo élastique. L’arbre pleure est un carrefour dont chaque côté ressort enrichi.