Nguyên Lê with Michael Gibbs & NDR Big Band
Celebrating Dark Side Of The Moon
Nguyên Lê (g, elec.), Youn Sun Nah (voc), Gary Husband (dms), Jürgen Attig (elb), NDR Big Band conducted by Jörg Achim Keller.
Label / Distribution : ACT
Nguyên Lê nous a habitués à revisiter des géants du rock (Jimi Hendrix, notamment) ; cette fois, il s’attaque au monumental Dark Side Of The Moon, considéré comme un des albums majeurs des psychédéliques et planants Pink Floyd. L’aventure a commencé avec une idée du NDR Bigband : un duel entre l’orchestre et ce guitariste français, virtuose et inspiré. Nguyên Lê s’est pris au jeu et le résultat est une belle célébration. Les dix titres de l’album originel sont repris dans l’ordre, vraisemblablement pour garder l’idée d’« album concept », à quoi s’ajoutent cinq compositions (« Inspire », « Magic Spells », « Hear This Whispering », « Gotta Go Sometime » et « Purple Or Blue »).
Youn Sun Nah fait quelques apparitions, mais non pas pour revisiter les fameuses et vibrantes vocalises de Clare Torry sur « The Great Gig In The Sky », comme on aurait pu s’y attendre. D’ailleurs, la reprise en est ici… instrumentale - c’est peut-être le prix à payer pour rester original. On retiendra également une version d’« Us And Them » dont l’orchestration rappelle l’héritage vietnamien que revendique Nguyen Lê. Celui-ci conclut le morceau par un chorus magistral sur fond de groove tonitruant. « Money », lui, est mené sur un tempo accéléré ; sa célébrissime ligne de basse, doublée par le Big Band, lui donne un côté presque funky tandis que, malicieux, Nguyên Lê place des harmoniques en guise de clins d’œil à la guitare de David Gilmour. L’ensemble est également ponctué de respirations, dont le duo Lê / Nah sur le mystique « Magic Spells », et là encore, le résultat est jouissif.
Décidément, les libertés prises par rapport à l’original participent de la réussite de ce Celebrating The Dark Side Of The Moon, qui respecte pourtant l’identité fondamentalement psychédélique et rock progressif de Pink Floyd. L’album se clôt (il faut l’écouter d’une traite !) sur deux arrangements signés Michael Gibbs impressionnants d’intelligence et d’émotion.