Chronique

Youn Sun Nah

Immersion

Youn Sun Nah (voc.), divers musiciens

Label / Distribution : Warner Bros.

En quittant le label ACT pour une filiale de la Warner, la chanteuse coréenne si francophone et francophile en aurait-elle perdu son jazz ? L’ensemble sonne comme une pop d’excellente facture. C’est presque trop produit.
La conception musicale de son dixième album a été confiée à Clément Ducol (aux manettes par ailleurs pour l’exubérante Camille et le regretté Christophe).

Youn Sun Nah signe six compositions, dont une inspirée du poète persan Râmi (poignant « In My Heart »). « Mystic River » a tout pour devenir un tube. Pourquoi pas sur certaines radios novatrices. Pour autant, le jazz est comme le diable : il se niche dans les détails. Pour preuve un poignant hommage à Michel Legrand et Agnès Varda sur « Sans toi », issu de la B.O. du film « Cléo de 5 à 7 ». De même, les inflexions vocales de la belle sur une livraison du hit soul « You Can’t Hurry Love » sur lequel elle s’accompagne au kalimba - exercice éprouvé pour elle, qu’elle maîtrise à la perfection -, sont un belle preuve de cette capacité à faire jazz à partir d’une bluette.

Elle délivre un scat d’un lyrisme époustouflant sur l’hispanisant « Asturias », où l’introduction est un délice de mélismes, la voix s’élevant tendrement jusqu’au suraigu, enveloppée par une rythmique électro et nappée d’un violoncelle qu’on eût aimé plus déjanté. Elle manie avec perfection les nuances du blues vocal, que ce soit dans la douceur soul sur « Mercy, Mercy. The Ecology », le manifeste écolo de Marvin Gaye, ou dans la rage existentielle sur l’électro « God’s Gonna Cut You Down » de Johnny Cash - lorgnerait-elle vers le punk ? C’est tout le bien qu’on lui souhaite… elle n’en perdrait pas son charisme pour autant.