Imaginons La Bruyère percussionniste.
Et plutôt que de s’intéresser aux Caractères bien en cours, il serait davantage orienté sur le jardin des délices, version rade parisien du IIIe arrondissement. Pablo Cueco incarne ce postulat a priori improbable. On avait déjà tâté de sa plume dans les Allumés du Jazz, on est donc peu surpris de retrouver esprit frappeur dans Pour la route, petit ouvrage paru chez Qupé éditions, en commun avec le dessinateur Rocco et le photographe Milomir Kovačević, qui illustre à merveille certains incontournable, comme ce chien du comptoir qui pète lorsqu’il s’ennuie trop.
Entre description délicieuse de lieux en mutation dans le Paris gentrifié et portraits de piliers passés et nouveaux, entre authentique et haute-en-toc, Cueco nous livre une vision d’un quartier comme celui d’un monde. La musique dans tout cela ? Elle est dans les mots, et dans les lieux. C’est un bruit de fond, dont on peut craindre avec l’auteur qu’elle se standardise si l’on y prend garde. Mais il est des portraitistes percutants comme Cueco pour veiller au grain et compter les ballons, de rouge, si possible. Pour la route.