Entretien

Patrice Héral

Adepte des percussions vocales et de la batterie réduite, Patrice Héral est très demandé sur la scène européenne.

Adepte des percussions vocales et de la batterie réduite, Patrice Héral est très demandé sur la scène européenne où il côtoie aussi bien Markus Stockhausen que Max Nagl, Dhafer Youssef, Nguyên Lê ou Franck Tortiller… Il convenait donc de lui demander comment lui est venue l’idée d’ajouter la voix et l’électronique à sa batterie simplifiée, et comment ces collaborations se sont construites au fil du temps.

- Vous êtes autodidacte. Comment êtes-vous venu à la musique et plus spécifiquement au jazz ?

Dans ma famille, nous sommes tous un peu musiciens. Mon grand-père était chanteur d’opéra et je me suis mis à la musique pour imiter mes frères : l’aîné avait commencé à me montrer les grands principes de la batterie. Il jouait du rock. Ses influences étaient Deep Purple, les Rolling Stones, Led Zeppelin… J’ai beaucoup écouté ses disques en essayant d’imiter les rythmiques. C’était en 1969, j’avais 4 ans. Je n’ai pas fait le Conservatoire ni suivi de cursus classique, comme beaucoup de batteurs de ma génération ou des générations plus récentes. A la maison, il y avait un piano (que nous avions un peu déstructuré) et je m’amusais à faire des pièces pour piano préparé. Mon envie de faire du jazz est arrivée à l’âge de 13 ans en 1978. J’avais un copain qui jouait de la basse électrique et dont la mère, fan de jazz, possédait une discothèque importante. On jouait le mercredi ; lui avait comme influence le jazz fusion et moi le rock. Je connaissais très peu le jazz, mis à part Louis Armstrong ou Duke Ellington qu’écoutait mon père. Un peu plus tard, j’ai pris des cours avec un professeur de batterie jazz qui avait des rudiments de musique classique. Il m’a enseigné quelques bases. J’ai appris seul à lire la musique.

- N’y a-t-il pas eu une rencontre déterminante qui vous a poussé à devenir musicien professionnel ?

A 15 ans, j’ai eu la chance de faire un stage d’une semaine avec le contrebassiste Barre Phillips, véritable antenne pour bon nombre de musiciens européens. Il animait beaucoup de stages dans de nombreuses villes d’Europe. Ce stage, déterminant, m’a fait basculer dans le monde du jazz. Avant, je faisais de la musique pour m’amuser. Là, j’ai déclaré à mes parents que la musique serait mon métier. J’apportais même mes baguettes à l’école… J’ai commencé à avoir beaucoup de considération pour la batterie et les batteurs, à lire tout ce qui existait sur le sujet, à étudier les méthodes, prendre des cours particuliers… J’ai pu ensuite gagner de l’argent en faisant des concerts, dès l’âge de 16 ans : je participais à un quartet de jazz qui jouait des standards dans les campings l’été et les week-ends. Tout s’est fait naturellement. J’ai refait des stages avec Barre Philips par la suite, et rencontré à 19 ans l’accordéoniste autrichien Otto Lechner, avec qui je faisais le bœuf jour et nuit. Deux ans après, il m’a proposé de venir jouer en Autriche avec une troupe de théâtre qui cherchait un percussionniste. Je commençais à avoir fait le tour des musiciens de ma région. J’ai donc quitté Montpellier pour m’exiler en Autriche en 1987.

- Parlez-nous de vos rencontres en Europe du Nord ?

Grâce à Otto Lechner, j’ai rencontré beaucoup de musiciens comme Max Nagl, Bumi Fian, Wolfgang Puschnig… Certains jouaient avec le Vienna Art Orchestra. Je suis resté à Vienne jusqu’en 1992. Je suis ensuite revenu en France pour des raisons familiales, mais je continuais à faire des allers-retours car l’essentiel de mon travail était en Autriche. En 1994, j’ai rencontré Dhafer Youssef qui m’a ouvert la scène allemande et présenté Markus Stockhausen. Ce dernier m’a demandé en 1997 de venir jouer en Allemagne dans son trio avec le contrebassiste norvégien Arild Andersen, qui m’a fait découvrir les trompettistes Arve Henriksen et Nils Petter Molvaer, le guitariste Eivind Aarset et le batteur Jon Christensen, pour qui j’ai toujours eu beaucoup d’admiration. Il y a aussi eu le saxophoniste Bendik Hofseth et le pianiste danois Carsten Dahl, avec qui j’ai partagé de nombreux concerts sur la scène scandinave entre 2002 et 2005. Nous avons fait un album en 1999 pour ECM avec Markus, Arild et Terje Rypdal. Tous ces musiciens me sont proches et j’ai beaucoup d’admiration pour eux. Je continue d’ailleurs à jouer avec certains aujourd’hui.

Patrice Héral © Patrick Audoux/Vues Sur Scènes

Ma rencontre avec le Vienna Art Orchestra m’a permis de jouer dans des clubs viennois. J’ai ainsi rencontré Matthias Ruëgg qui m’a sollicité en 2000. C’est là, sur certains projets du Vienna Art Orchestra, que j’ai rencontré le vibraphoniste Franck Tortiller, qui à son tour m’a invité à enregistrer un album avec son quartet et faire quelques concerts. On a créé un duo et il a monté une grande formation en 2003 avec le répertoire « …And Drums ». Cette année correspond globalement à mon retour (ou plutôt mes débuts) en France. Cela peut paraître bizarre, mais tous les musiciens autrichiens que je fréquente me considèrent plus comme viennois que français. La rencontre avec Dhafer Youssef m’a fait connaître le contrebassiste allemand Dieter Ilg et le guitariste Nguyên Lê qui étaient invités à jouer dans certains de ses projets ainsi que Renaud Garcia-Fons. Ces deux musiciens m’ont par la suite invité à participer à quelques projets. Je joue toujours en quartet avec Nguyen Lê, Renaud et Paul McCandless. Nous avons fait une tournée de quinze jours en Allemagne au mois de mars. Il y aura peut-être un disque. Je continue à jouer avec Max Nagl, qui a fait appel à moi pour enregistrer le dernier spectacle de Jérôme Thomas. J’apprécie aussi jouer avec le quintet Pago Libre qui réuni le violoniste autrichien Tscho Theissing, le pianiste suisse John Wolf Brennan, le corniste Arkady Shilkloper et le contrebassiste autrichien Georg Breinschmid.

C’est en voyageant et en rencontrant des musiciens qui, de sideman deviennent leader, que j’ai élargi mes connaissances. Ces trois dernières années, j’ai été moins disponible à cause de l’ONJ, car les dates sont souvent bloquées six mois à un an à l’avance. Les concerts à l’étranger étant souvent décidés au dernier moment, je suis souvent indisponible. L’orchestre va continuer mais nous jouerons moins, ce qui me laissera d’avantage de disponibilité pour travailler avec les musiciens que je connais depuis plus de dix ans.

- Que retenez-vous de votre participation à l’ONJ de Franck Tortiller ?

L’ONJ m’a apporté deux choses : une expérience humaine fantastique et un apport musical considérable. J’ai beaucoup appris sur le rôle du batteur dans une formation de cette taille et sur ce qu’en attendent les musiciens. J’ai pu redécouvrir certains aspects que j’avais eu tendance à négliger dans les différentes formations plus restreintes que j’accompagnais. J’ai toujours été un musicien de petite formation. Accompagner un orchestre de dix personnes était donc nouveau pour moi. Les orchestres présentent des contextes musicaux assez cadrés, où on ne peut pas toujours développer ses improvisations et ses idées comme en petite formation. Je n’ai pas de culture d’accompagnement d’orchestre, même si j’ai été percussionniste au sein du Vienna Art. En trois ans, ma façon de jouer a changé au sein de l’ONJ. Tout le monde n’avait pas la même culture donc nous n’entendions pas la musique de la même façon ; nous venions d’horizons différents. Il faut trouver un fil conducteur pour se mettre tous d’accord.

- Sur scène, vous utilisez une version très réduite de la batterie avec un seul tom, une caisse claire et deux cymbales par moments. Pourquoi un tel choix ?

A vrai dire, j’ai fait une sorte de rejet de la batterie, dans le passé. J’ai effectivement commencé par là, mais je me suis très vite intéressé aux percussions. Je me suis mis à détester la batterie en temps qu’instrument d’accompagnement. Pendant des années, je m’interdisais d’en jouer, en la transformant en set de percussions. J’y rajoutais des congas, un djembé et un tom basse. J’ai accompagné plusieurs années une chanteuse de variété en Autriche uniquement avec une caisse claire, une grosse caisse et deux congas. Cela me permettait d’être aussi bien batteur que percussionniste. J’ai toujours aimé intégrer des éléments de percussions ethniques car j’aime les musiques du monde. Je n’ai jamais eu le profil du batteur qui se cache derrière ses fûts. J’estime que mettre deux toms devant moi peut déjà m’empêcher de ressentir la vibration des auditeurs ! C’est comme un mur entre le public et moi. Le fait de ne pas avoir tout ce matériel devant moi est une condition indispensable pour que les gens puissent me voir évoluer en temps qu’être humain. C’est aussi une façon de savoir appréhender plus simplement l’instrument. Il y a beaucoup de choses à faire derrière une batterie. Je me souviens d’ailleurs d’un concert mémorable l’an dernier avec Dave Weckl. J’adore ce batteur, comme j’en admire beaucoup d’autres - Steve Gadd, Tony Williams, Omar Hakim, Jack DeJohnette ou Marcel Papaux. Il y a bien d’autres noms à citer, je pense à Max Roach par exemple… Tout cela est très bien mais je ne suis pas comme eux. Je n’essaie pas de copier ces musiciens exceptionnels. Il faut beaucoup écouter pour apprendre ; donc, j’écoute tous les grands rythmiciens mais je ne cherche pas à les imiter. J’ai un très bon souvenir d’un concert donné en Norvège pour le 80ème anniversaire de Roy Haynes. Il montrait sur scène une énergie et une générosité épatante pour son âge. Quelque soit le style de musique, j’aime tous les musiciens qui se sont beaucoup investis dans leur musique et qui ne trichent pas.

- Lors des concerts, on vous voit souvent utiliser des boucles rythmiques où vous aimez mêler de nombreux effets vocaux. Tout cela est assez nouveau pour un batteur, non ?

C’est en 1999 que j’ai découvert cet univers, avec Nguyen Lê. J’ai commencé à intégrer la voix tout en jouant. J’avais envie de fabriquer des sons, de trouver des sources différentes, qui ne soient pas programmées pour ne pas être contraint de les répéter tous les jours. Je voulais me laisser une marge d’ouverture, histoire de ne pas rester tout le temps dans le même univers. Nguyen Lê m’a dit qu’il existait des appareils qui permettent de créer des boucles, comme le Boomerang. Il l’avait essayé à la guitare et en avait été très satisfait. Il m’en a acheté un et j’ai joué avec jusqu’en 2001. En 2002, je jouais dans un duo avec un guitariste qui utilisait un Echoplex, autre instrument assez nouveau pour moi. Il m’a mis en contact avec le développeur. J’en ai acheté plusieurs que j’ai bouclés en stéréo pour obtenir plus d’effets. Même s’il peut y avoir des lignes d’horizon de voix et des samples de batterie assez voisines, les sons changent suivant l’endroit et l’inspiration. Je considère l’électronique comme un instrument à part entière qui apporte quelque chose d’évolutif. Les musiciens qui utilisent ces machines ne sont pas tous intéressés par cet aspect. Par exemple, Philippe Garcia programme des effets qu’il déclenche pour jouer sur ses boucles qu’il a lui-même créées. Il ne fabrique pas de son en temps réel. J’admire beaucoup ce qu’il fait mais ce n’est pas ma démarche, qui consiste à créer du son en live pour le travailler, même si je peux me permettre de créer des boucles et de jouer par-dessus.

Patrice Héral © Jean-Marc Laouénan/Vues Sur Scènes

J’essaie de transmettre cette vision de la batterie lors des quelques master-classes que j’anime. Pour toute la partie technique, je me réfère aux DVD de batteurs qui ont fait un travail fantastique. Je met l’accent sur ce que l’on peut faire lorsqu’on introduit des percussions numériques, les effets de voix ou les électroniques permis par des machines qui coûtent très peu cher aujourd’hui. Le but est de leur faire découvrir de nouvelles palettes pour montrer aux musiciens qu’il existe plein de façons de jouer de la batterie. Avec les machines présentes sur le marché, il est possible de créer des univers sonores et de développer sa propre personnalité en s’ouvrant à de nouveaux horizons. J’aimerais qu’il y ait plein de musiciens qui fassent la même chose, pour que tout cela évolue. Par ailleurs, je ne travaille pas la voix. Je ne me considère absolument pas comme chanteur. Je fais confiance à mon oreille et je cherche juste à intégrer la voix dans la batterie. Cela me vient naturellement et fait partie de ma personnalité.

- Dans certaines formations, il vous arrive de composer…

Je ne me considère pas comme compositeur non plus. J’écris des thèmes en partant de la basse pour, ensuite, trouver les accords et la mélodie qui correspondent. Ce qui est fascinant dans la composition, c’est l’art de la connaissance des timbres que l’on utilise pour recréer des paysages sonores. J’aime parler de “pâte sonore”, que je définis comme un mélange d’instruments. Je ne suis pas capable de faire cela. Ecrire des thèmes avec une ligne de basse, c’est assez facile, finalement. Par contre, orchestrer, c’est un métier. Il ne faut pas tout mélanger. Moi, je veux que l’on fasse la différence entre une personne qui maîtrise la pâte sonore d’un orchestre et quelqu’un qui écrit des mélodies. Je suis donc plutôt mélodiste. Pour créer un thème, il y a une chose qui aide vraiment à se connaître soi-même : le fait de s’interdire les interdits. Car à force de s’en imposer (donc de refuser certaines influences ou idées qui nous viennent assez naturellement), on ne fait plus rien. Il faut s’inspirer de tout ce qui nous entoure pour devenir soi-même, rencontrer des musiciens et beaucoup jouer, pour se mettre parfois en danger. Ma source d’inspiration vient de là. L’aspect mélodique dépend beaucoup de la façon dont on joue. Ce sont des notes sur un papier, rien de plus. Comme dit Tortiller, le jazz n’est pas une musique de répertoire, juste des mélodies assez courtes qui se répètent avec des ponts, des modulations harmoniques… Le reste est donné par la personne qui la joue et sa façon de l’interpréter. Le traitement sonore de la mélodie est très important. Composer c’est aussi veiller à ce que l’interprète joue ce qu’on attend de lui en lui donnant un maximum d’informations dans l’écriture sur le plan des nuances, des attaques… L’interprétation, elle, donne de la vie au vocabulaire (les notes, les rythmes). Une fois maîtrisé, celui-ci peut te permettre de comprendre toutes les notions d’écriture véhiculées par l’œuvre. Finalement, dans le jazz, il y a très peu d’information sur la musique, contrairement à ce qui se passe en musique classique. L’apport de l’interprète est considérable. C’est avant tout une musique très ouverte.

- Quels sont vos projets ?

Je continue mon travail en trio avec Franck Tortiller et Michel Godard. C’est une initiative collective. Je connaissais la musique de Michel et il m’avait écouté dans des festivals. Il connaissait bien Franck et lui a soumis l’idée. La rencontre était bien lancée, vu les qualités humaines et musicales de Michel. Ce trio s’est fait de façon très naturelle, comme si la musique coulait de source. On s’est rencontrés, on a survolé les partitions histoire de savoir ce qu’on allait présenter au label Cam Jazz. Puis on est entrés en studio et les titres ont presque tous été enregistrés en une prise.

Actuellement, j’ai plusieurs projets avec le saxophoniste allemand Christof Lauer, en duo et en trio (toujours avec Michel Godard). J’ai remplacé Gary Husband avec qui il avait enregistré pour le label ACT (Blues in Mind, 2007). On a joué dans un festival en Allemagne sans avoir répété ni travaillé les partitions ! J’avais juste le disque pour relever quelques passages. La musique s’est faite naturellement. Christof m’a ensuite rappelé pour un projet en quintet à Francfort, avec Wolfgang Puschnig, Nils Landgren et Michel Godard. Pour l’instant, aucun enregistrement n’est prévu - manque d’intérêt de la part des producteurs. J’ai également un projet en Italie avec Rita Marcotulli, Furio Di Castri et Nguyen Lê autour de Pink Floyd pour 2009. Je vais faire quelques concerts avec Dieter Ilg et Nguyen Lê. Je joue aussi avec la chanteuse italienne Maria Pia De Vito. Nous avons enregistré Tumulti en duo pour le label Il Manifesto.

Je continue à jouer dans l’orchestre de Franck Tortiller, avec lequel est prévue une résidence de trois ans au festival Présence de Radio France. Je ne désespère donc pas de continuer à jouer en France… Par ailleurs je viens d’enregistrer un nouvel album avec Markus Stockhausen et Arild Andersen. Le Sentimental Ÿ de l’ONJ sortira en janvier 2009. J’ai aussi un projet en quartet avec Michel Godard, Steve Swallow et Wolfgang Puschnig pour CamJazz. Je viens d’enregistrer un disque en trio avec Gérard Pansanel et Arild Andersen. Je travaille un solo qui mêle la voix, les percussions, quelques textes et des effets électroniques que j’ai pu expérimenter en concert à Perpignan et Nancy.

Propos recueillis le 5 juillet 2008.

Patrice Héral © Patrick Audoux/Vues Sur Scènes

par Armel Bloch // Publié le 11 février 2009
P.-S. :

Liens sites internet :
Myspace Patrice Héral

Site autobiographique de Patrice Héral

Discographie sélective (non chronologique) :

  • Avec Franck Tortiller : Franck Tortiller (Altri Suoni), ImpertinAnce (Cam Jazz). A paraître début 2009 : Sentimental Ÿ (Cam Jazz).
  • Avec ONJ Franck Tortiller : Close to Heaven et électrique (Le Chant du Monde).
  • Avec Michel Godard : Archangelica (Cam Jazz)
  • Avec Frédéric Monino : First meeting (Le Chant du Monde)
  • Avec Gérard Pansanel : Electrizzante (Nord Sud)
  • Avec Renaud Garcia-Fons : Navigatores (Enja)
  • Avec Frédéric Favarel : Fred & friends (Charlotte Records), Quelques chansons et autres transformations (DOM CD)
  • Avec Carsten Dahl : Moon water (Stunt Records), The Sign (Stunt Records)
  • Avec Christy Doran et John Wolf Brennan Triangulation (Leo Records)
  • Avec Nicolas Simion, Ed Schuller et Tomàsz Stanko : Dinner for Don Carlos (Tutu records)
  • Avec Markus Stockhausen : Joyosa (Enja), Sehnsucht (Aktivraum Label), Electric Treasures (Aktivraum Label)
  • Avec Max Nagl : Café Electric (November Music), The Evil Garden (November Music), Strichcode (Rude Noises), One Plus One (Rude Noises), Rayuela (Rude Noises), Mélange à trios (November Music), Taboo (November Music), Super 8 (Rude Noises), Daily Bullet (Leo Records), Blattl-Lieder (Idyllic Noise), Wumm ! Zack ! Vol I (Die Extraplatte), Wumm ! Zack ! Vol II (Rude Noises), Ramasuri (Hathut Records)
  • Avec Maria Pia De Vito : Tumulti (Il manisfesto)
  • Avec Maria Pia De Vito, Ralph Towner, Steve Swallow et John Taylor : Nel respiro (Provocateur Records)
  • Avec Eric Séva : Folklores imaginaires (Le Chant du Monde)
  • Avec Dhafer Youssef : Malak (Enja)
  • Avec Arild Andersen : Karta (ECM), Electra (ECM)