Chronique

Paul Lay

Full solo

Paul Lay, piano

Label / Distribution : Gazebo

S’il est un compositeur de musique classique occidentale dont le répertoire est vraiment populaire, c’est bien Ludwig Van Beethoven. Sa « 9e symphonie », dont le quatrième mouvement, Finale, met en musique le poème « Ode à la joie » de Von Schiller est de loin son « tube », notamment depuis qu’il est devenu l’hymne européen. On peut aussi citer la « Lettre à Élise » ânonnée par chaque enfant qui se lance au piano avec tellement de courage ! Et la « Sonate au clair de lune » ?
Bref, le répertoire a beau être immense, il n’était pas possible de ne pas aborder les mélodies les plus connues.
Paul Lay, après avoir travaillé avec application les partitions à la lettre, afin de bien avoir les œuvres « en main », s’en est progressivement affranchi jusqu’à pouvoir les interpréter comme des standards de jazz.
Modification des rythmiques, des harmonies, des tempos, chacun des thèmes est ici totalement recomposé mais parfaitement reconnaissable. En maître de la mélodie et du toucher pianistique, Paul Lay ne perd jamais le nord de sa narration.
Entre les standards beethovéniens, il glisse une série de compositions personnelles intitulée « In Vienna » et déclinée en quatre parties.
L’exercice rappelle, bien entendu, les nombreuses tentatives de musicien.ne.s de jazz pour intégrer le répertoire classique à leurs improvisations. En France, le maître du genre, avec l’œuvre de Bach, c’est le pianiste Jacques Loussier. Et parmi toutes les tentatives recensées, il y a de sérieuses pochades. Mais avec ce disque en solo, Paul Lay évite le principal écueil du genre : tenter de faire swinguer ce qui ne swingue pas.
Pour cela, il propose une relecture - une appropriation absolue - des thèmes qui deviennent alors ses propres compositions, mais dont la filiation avec Beethoven reste évidente.
Full solo reste un disque de piano jazz, totalement, mais les curieux.ses qui connaissent et aiment Beethoven se laisseront emporter.