Chronique

Rodolphe Raffalli

Le Retour

Rodolphe Raffalli (g), Joël Bouquet (p), Claude Mouton (b, oud), Abraham Mansfarroll (perc), Sapho (voc)

Label / Distribution : Frémeaux & Associés

Le Retour : avec ce titre explicite, Rodolphe Raffalli joue cartes sur table. Oubliée l’empreinte manouche qui marquait les deux disques-hommages À Georges Brassens qui l’ont révélé au grand public. Ces deux volumes, largement - et à juste titre - médiatisés, risquaient de cantonner Raffalli à une image largement réductrice de sa personnalité musicale. Pour rester maître de son destin, le guitariste a donc décidé de renouveler le fond et la forme. Cette fois, il évolue au sein d’un quartet piano/basse/percussions plus habituel, avec lequel il parcourt du regard l’ensemble de ses influences. Et l’horizon est vaste, s’étendant géographiquement de l’Europe aux deux Amériques, et musicalement, du swing à la samba et au classique.

Entre des standards tels que « You’d Be So Nice To Come Home To », « She’s Funny That Way » ou « Les feuilles mortes » (avec Sapho au chant), on entendra en effet des références plus latines (« Copacabana », « Tomara »). Si, sur ces différents titres, les interprétations restent assez traditionnelles et révèlent un quartet parfaitement équilibré, d’autres morceaux subissent une étonnante relecture : « Comme un p’tit coqu’licot » est exposé à l’orientale, guitare, oud et derbouka. Plus surprenant encore, l’éternelle ballade « Syracuse » est joué façon Santana de la première époque, avec une guitare électrique légèrement saturée, de discrètes nappes d’orgue en arrière-plan et le soutien nonchalant des bongos.

Hormis ces plages qui permettent de mesurer la liberté de ton du quartet, le disque expose aussi quelques compositions personnelles qui impressionneront par leur finesse et leur sensibilité. La guitare, très arpégée, y évoque alors souvent Villa-Lobos, dont Raffalli a étudié l’œuvre.

Le Retour est donc un bel album très éclectique qui surprendra tout autant ceux qui ne connaissaient que la facette « Brassens » de Raffalli, ceux qui l’avaient estampillé « manouche » et ceux qui le découvriront.