Chronique

Roz Harding Trio

Supermood

Roz Harding (as), Mike Outram (g), Jim Bastard (d)

Label / Distribution : Leo Records/Orkhêstra

La configuration saxophone alto, guitare, batterie fait bien entendu penser à Das Kapital. Et on aura raison car la formation emmenée par Roz Harding baigne dans une esthétique qui ne fait de concession ni au bon ni au mauvais goût. On pourra éventuellement retenir qu’il y a peut-être plus de brutalité dans Supermood. Et pourtant… car outre « For the Mood », ballade jouée sur un tempo carrément ralenti, quelques parties s’avèrent calmes, voire tendres. Les presque 12’ de « Mega Bear » en témoignent. Mais ces trois musiciens manient la dissonance comme pas deux. Aussi même lorsqu’ils nous font paître dans des prairies délicates, c’est avec mille grincements. La colère est en effet là, transcendant cet album de la première à la dernière note. Les jeux furieux de Jim Bastard et Mike Outram sur « Fifty-Two Fifty » en sont révélateurs.

D’un mot, on dira que Supermood est un album difficile à appréhender et on invitera celles et ceux qui dégainent le sempiternel « Ça du jazz !!? » dès qu’on sort des sentiers battus à passer leur chemin. En revanche, si on accepte de se laisser aller à cette esthétique qui maltraite les « belles mélodies », c’est tout un univers bourré de poésie qui s’ouvre à nous.