Portrait

Serge Forté dans le boudoir de Proust

Du lyrisme au romanesque, mais en rythme !


Musicien, compositeur et arrangeur, le « maestro » Serge Forté, comme l’appelle Sheila Jordan, est sans doute le pianiste romantique le plus jazz de l’hexagone. Son projet Jazz’in Chopin et ses improvisations sur des chansons françaises dans La vie en bleu révèlent un pianiste subtil qui aime parler de musique classique ou populaire dans le langage du jazz. Faute de pouvoir se rendre aux jam sessions que Serge anime aux Jardies tous les vendredis, Marcel s’est entretenu avec lui…

  • Ma madeleine…

J’ai six ans et je vais tous les jeudis après-midis au conservatoire de Grenoble accompagné par ma grand-mère, mais en fait je n’ai qu’une idée en tête, c’est retrouver à 17h à la télé mon héros préféré : Zorro ! Et comme je ne veux surtout pas en rater une seconde, je tire ma grand-mère dès que mes cours de solfège sont finis afin de rentrer plus vite à la maison…

  • Le bonheur musical parfait…

Ne plus rien avoir à prouver et donc pouvoir s’exprimer où et quand on veut, sans aucune contrainte…

  • En tant que musicien, j’ai été le plus heureux…

Lorsque j’ai rencontré et enregistré avec Michel Petrucciani, et de même lorsque j’ai rencontré Oscar Peterson.

  • Le trait principal de ma musique…

Écoutable, romantique, rythmée.

  • Si je devais changer une chose dans ma musique…

Je change en permanence des choses, on évolue tout le temps, c’est le principe même de l’art…

  • Ma plus grande peur quand je joue

Ne pas être capable de traduire mes idées par des notes.

  • Ce que j’ai réussi le mieux dans ma vie musicale…

J’espère que ce que j’ai réussi de mieux est à venir…

  • Mon plus grand regret musical…

Ne pas pouvoir entendre « live » les grands romantiques, et en particulier Liszt et Chopin improviser ! Il nous a manqué cinquante ans…

  • Je rêve de jouer…

Les concertos de Rachmaninov.

  • La qualité que je préfère chez un musicien…

L’éthique.

  • Les fautes musicales qui m’inspirent le plus d’indulgence…

Les fautes dues aux risques inhérents à l’improvisation.

  • Mon instrument préféré…

Le piano.

Serge Forté
© Patrick Garbous
  • Les musiques que j’aime par-dessus tout…

Le jazz, la musique romantique.

  • Mes héros musiciens…

Mozart, Chopin, Liszt, Rachmaninov, Scriabine, Vladimir Horowitz, Art Tatum, Lennie Tristano, Phineas Newborn, Bill Evans, Oscar Peterson, Keith Jarrett, Bobby Mac Ferrin, Harry Connick Jr, Michel Petrucciani, Miles Davis.

  • Mes disques de chevet…

Tous les CDs de Jarrett en solo et avec le « Belonging Quartet », le coffret Oscar Peterson à l’Olympia, « A World of Piano » (P. Newborn), « Cold Blues » (M. Petrucciani), « You Must Believe in Spring » (B. Evans), « My Funny Valentine » (M. Davis).

  • La chanson que je siffle sous ma douche…

Celle qui me vient à ce moment-là !

  • Ma note favorite…

La note bleue.

  • En musique, je déteste par-dessus tout…

L’incompétence.

  • Mes peintres favoris…

Michel-Ange, Picasso, Klimt, Monet.

  • Mes films cultes…

« Amadeus », « Shine », « Le Seigneur des anneaux », « La grande vadrouille ».

  • Mes auteurs favoris…

Victor Hugo, Edmond Rostand, Molière, Rimbaud.

  • Ma boisson préférée…

Le cappuccino.

  • Mon plat préféré…

Les lasagnes.

  • Mon occupation favorite…

Jouer du piano.

  • Le don de la nature que je voudrais avoir…

La mémoire photograpique.

  • Le morceau que je veux pour mon enterrement…

N’importe quel passage du « Köln Concert ».

  • L’état présent de ma démarche musicale…

Je cherche une nouvelle idée pour présenter mon travail, qui sorte de l’ordinaire « CD », voire « DVD », ce qui n’est déjà plus original. Je crois que notre avenir dépendra aussi de notre façon de nous présenter au public via un support mais aussi sur scène. Beaucoup de pistes sont à défricher, surtout pour le jazz, qui subit trop cette image de musique pour musiciens ou amateurs très avertis, du fait, souvent, d’une attitude ou d’un concept allant un peu dans ce sens-là de la part des artistes et des médias spécialisés.

  • Ma devise…

Il est urgent d’attendre…