Chronique

Shang Ziming Quartet

Bridge of soul

Shang Ziming (dm), Dezső Oláh (p), Péter Olàh (cb), Christophe Monniot (s)

Label / Distribution : Tom-Tom Records

Si l’Internationale Musicale se met un jour en marche, ce quartet pourra aisément en être le porte-étendard. Faisant fi des nationalités au bénéfice des sensibilités humaines, la formation regroupe, en effet, un batteur chinois à l’origine du projet, un bassiste et un pianiste hongrois (sans lien de parenté comme leur nom ne l’indique pas) et un saxophoniste français bien connu dans nos contrées et particulièrement apprécié dans ces colonnes.

Au-delà de la disparité des individus, c’est pourtant bien la musique proposée qui attire immédiatement l’oreille et la ravit aussitôt. Inscrites dans une tradition jazz issue de la culture afro-américaine, les compositions du pianiste Dezső Oláh jonglent également avec toutes les couleurs du piano classique et l’exubérance des musiques de la communauté tzigane dont il est issu. Le savant dosage entre mélodies chantantes et l’enthousiasme tonique des rythmes soutenus fédèrent les émotions et emportent l’adhésion de l’auditeur.

Les prouesses des instrumentistes font le reste. La paire rythmique est aussi soudée que stimulante pour les solistes. La basse de Péter Olàh est puissante et généreuse ; elle charpente l’édifice sonore tout en provoquant des vagues de fond incessantes que les baguettes de Shang Ziming saisissent avec vélocité pour les conduire plus loin encore. Adepte d’un swing superlatif, ce dernier se place dans le prolongement des grands anciens avec une efficacité et un redoutable sens du drumming qui le place immédiatement dans la catégorie des musiciens puissants.

Quant à Christophe Monniot, il est là comme un poisson dans l’eau. Son accointance avec la scène hongroise ou sa proximité avec la folie tzigane lui vont à merveille. Il virevolte, monte et descend avec légèreté et grâce, humour ou gravité. Constamment à la joute avec le clavier, il conduit le quartet vers les hauteurs et les intensités brûlantes. Cette formation, surprenante sur le papier, voire parfaitement improbable, trouve sa force dans son unité et sa ligne de conduite dans le partage d’une musique volontaire et généreuse qui, on s’en doute, doit faire merveille sur scène.