Chronique

Marjolaine Reymond

Splendour of Blood

Marjolaine Reymond (vx, électroniques), Christophe Monniot (ss, arrangements), Matthieu Metzger (as), Jean-Brice Godet (cl), Armand Dubois (Horn in F), François Thuillier (tuba), Leonardo Montana (p, Fender Rhodes), Olivier Lété (eb), Christophe Lavergne (dms), Javier Leibiusky (récitant)

Figure atypique de la scène actuelle, Marjolaine Reymond propose un nouveau disque quatre ans après Demeter No Access qui avait laissé bonne impression et confirmé un langage personnel qu’elle travaille depuis de nombreuses années (discographiquement depuis plus de quinze ans). Cette fois, la volonté d’écrire une œuvre ambitieuse s’inscrit dans une partition arrangée par le saxophoniste Christophe Monniot et interprétée par une formation qui ne compte pas moins de dix musiciens.

Marjolaine Reymond a toujours su choisir les équipes pour l’entourer et la liste notable des membres du groupe présage, en effet, d’une attention particulière portée à la musique qui ne se contente pas d’être le support discret des prouesses vocales de la leadeuse. Rien de tel : Reymond pense son projet de façon entière et aboutie. Tournant autour de la thématique du sang (sang passion, sang genèse, sang sacrifice, sang éternité), elle adapte des textes de poètes romantiques anglais (William Wordsworth, Elizabeth Browning, Emily Brontë) qu’elle croise avec une approche de la culture hébraïque.

Le disque déroule alors quatre suites dans lesquelles elle fait valoir une voix puissante, qui projette le son en avant de manière tranchante et expressive. Par effet de contraste, les habillages travaillés de Monniot constituent un point d’équilibre fructueux. Riche en timbres issus du classique (cor, tuba, clarinette notamment) qui confèrent une élégance indéniable à l’ensemble mais heurtés par une puissante basse électrique (Olivier Lété en grande forme) et une batterie efficace (Christophe Lavergne), les pièces sont des poèmes lyriques vivifiés par le groove et traversés de soli investis (Matthieu Metzger au saxophone).

Pour autant, Marjolaine Reymond laisse respirer son œuvre, alternant des compositions au format chanson et des parties instrumentales aux agencements et aux couleurs variables. On traverse le disque avec un intérêt permanent, une pratique scénique devrait lui apporter une plus grande souplesse et une brûlure supplémentaire.