Chronique

Sonny Simmons Quartet

Mixolydis

Sonny Simmons : saxo alto, cor anglais ; Eddie Henderson : trompette ; John Hicks : piano ; Curtis Lundy : Contrebasse ; Victor Lewis : Batterie, Disques Futura et Marge, enregistré les 27 et 28 juillet 2001 à Paris

Figure chevronnée de la New Thing des années 60 (trois disques publiés par le légendaire label ESP), Sonny Simmons reprend sur Mixolydis un jeu fait d’explorations mélodiques bien dans l’esprit de l’époque de ses débuts artistiques.

Le saxophoniste fait preuve combien il a absorbé les innovations de sa période formatrice en adoptant un phrasé qui mélange les influences d’Eric Dolphy et d’Ornette Coleman. Il souligne ainsi la proximité stylistique, souvent sous-estimée, entre ces deux altistes : le style vocal fervent et parfois perçant du premier se mélange avec les blues méditatifs et plaintifs du second. Toutefois, malgré cette démonstration, Simmons ne parvient généralement pas à habiter son jeu de passion.

De plus, il ne se crée aucune une véritable dynamique de groupe qui pourrait surprendre un tant soit peu. Plutôt, la section rythmique entoure Simmons d’un cadre hard bop assez tiède. Le jeu de Victor Lewis rappelle parfois celui de Freddie Waits ou d’Idris Muhammed, qui avaient adapté leurs sens du rythme, tiré du blues et du r&b, à la liberté des années 60. Or, Lewis n’a pas la même flamme et ne galvanise pas Simmons comme ses modèles ont pu le faire jadis avec tant de saxophonistes.

Sur le dernière plage, The Promise, de John Coltrane, Simmons remplace l’alto par le plus exotique cor anglais, et c’est sur ce dernier thème que lui et son groupe se montrent les plus emportés. Grâce à sa double anche, cet instrument rappelle, de façon originale, la sonorité orientale du soprano de Trane. Ainsi se crée une aura spirituelle trop absente sur le reste du disque. John Hicks, au jeu indifférent jusque-là, réagit en tonifiant son accompagnement, pour rappeler les montées de sève de McCoy Tyner. Une interprétation ardente qui démontre ce dont ces musiciens sont capables. Dommage qu’elle ne se manifeste qu’à la fin d’un disque qui pour le reste n’est pas à la hauteur de leurs carrières respectives.