Chronique

Søren Gemmer

The Lark

Søren Gemmer (p), Mads La Cour (tp, flh), Per Møllehøj (g), Tapani Toivanen (b), Andreas Fryland (dms)

Label / Distribution : WhyPlayJazz

Le pianiste danois Søren Gemmer propose avec The Lark, sur le label allemand WhyPlayJazz, un second album après le remarqué At First où il se produisait en trio. A ses côtés, on retrouve le contrebassiste Tapani Toivanen et le batteur Andreas Fryland qui constituaient déjà la base rythmique de son premier disque. Une paire à la fois discrète et stable qui trame avec une grande délicatesse le jeu très emprunt de culture classique d’un pianiste qui aime se concentrer sur la mélodie (« Poulenc »). Sa relation avec Toivanen est, comme dans At First l’axe fort d’un environnement souvent contemplatif, mais plus attaché aux traditions européennes au sens large qu’aux esthétiques scandinaves. En témoigne les improvisations qui apparaissent çà et là, à commencer par « Improvisation I » où, piano solo, Gemmer va chercher dans ses basses quelques chemins tortueux avant d’être rejoint par le reste de son trio et le guitariste Per Møllehøj sur le plus vaporeux « Kilma af klint ».

Les deux invités du pianiste sur The Lark modifient réellement la couleur d’un album où l’on n’entend jamais la formation en quintet. Ainsi, aux climats tempérés du guitariste succèdent les atmosphères chaleureuses concoctées par Gemmer avec Mads La Cour. Le trompettiste et bugliste danois est un nom à retenir. Repéré avec son quartet Almugi en compagnie notable du clarinettiste Lars Greve, La Cour illumine littéralement The Lark ; chacune de ses interventions donne du relief au propos, qu’il soit en quartet ou en duo (« Improvisation II »).

Dès « The Madonna & The Whore », une référence immédiate à Kenny Wheeler transparaît ; elle se confirme à mesure que les rencontres se multiplient. C’est dans le torride « Tinder » qu’elle explose totalement. Piano et bugle s’unissent avec fougue, soutenu par Toivanen dont le jeu simple et efficace permet a la fois une grande liberté et beaucoup d’espace. Chaque composition de Gemmer décrit un univers minimaliste qui peut devenir impressionniste (« The Lark »). Les morceaux assez courts, au format chanson, s’éloignent peu de leur thème sans pour autant rester simplistes. Voici l’occasion de découvrir la jeune garde danoise qui est manifestement à suivre de près, surtout si Gemmer et La Cour envisagent de nouvelles collaborations communes.