Chronique

Sound Of New Orleans

1992-2005

Label / Distribution : Frémeaux & Associés

On connaît l’énorme travail de Frémeaux et Associés visant à perpétuer le patrimoine musical du monde entier. Il n’est guère surprenant, à première vue, de découvrir une sélection intitulée Sound Of New Orleans puisque cette ville a pratiquement vu naître le jazz. Mais là où l’on s’attendrait logiquement à entendre Louis Armstrong, King Oliver ou encore Jelly Roll Morton, le label fait le choix de dresser un portrait musical de la ville dans ses aspects beaucoup plus récents, puisque consacré à la période 1992-2005. Paradoxalement, ce choix relève tout de même d’un travail de mémoire puisque la ville a largement été dévastée par le passage de l’ouragan Katrina en août 2005.

Ces deux disques permettent donc de se faire une idée assez précise du panorama musical de la Nouvelle-Orléans depuis le début des années 90, curieusement moins connu que les débuts du jazz. Ce parcours s’effectue à travers des enregistrements du label SONO (Sound Of New Orleans) fondé par le producteur Gary Edwards au début des années 80. On y retrouve naturellement le style traditionnellement associé à la Nouvelle-Orléans : le brass band. Ses nombreux représentants ici (Algiers Brass Band, Tremé Brass Band, Eddie Boh Paris Funky Brass Band, Coolbone Brass Band etc) ne doivent pourtant pas masquer la grande diversité des courants musicaux de la ville : gospel, blues traditionnel, rythm’n blues mais aussi métissage entre Brésil et Caraïbes ou encore musique cajun.

En se concentrant sur un label qui s’est attaché à promouvoir la vie musicale locale, le double album Sound Of New Orleans donne un aperçu très complet des musiques populaires actuelles de la ville, en ayant l’intelligence de mettre de côté les groupes qui perpétuent les stéréotypes d’un jazz centenaire. Et c’est un sentiment étrange qui étreint l’auditeur à l’écoute de tous ces morceaux, entre l’enthousiasme et le dynamisme ce cette musique bien vivante, d’une part, et, d’autre part, la mélancolie qu’évoque ce patrimoine partiellement englouti.