Tribune

Steve Dalachinsky par Théo Jarrier

Steve Dalachinsky nous a quittés. Il allait avoir 73 ans. Il a joué avec les plus grands. Sur son lit de mort, avec sa femme Yuko, il écoutait Jackie McLean, Monk, Coltrane, Taylor. Comme dirait Noël Akchoté, il est jazz.


Steve Dalachinsky au Bab Ilo par Guy Sitruk

Théo Jarrier

Steve Dalachinsky au Souffle Continu
photo Théo Jarrier

Steve Dalachinsky était de la rare espèce des poètes omniprésents dans les cercles underground des quatre coins du monde, activiste dans la tradition des poètes ‘’beat’’, le stylo à la main comme une arme, curieux de tout, des arts, de la politique et toujours prêt à débattre… il semblait vivre avec passion.

Son intérêt pour les arts et la littérature, la poésie écrite, lue, récitée, s’est rapidement doublée d’une fascination pour la « creative music », le jazz et le rock plutôt libres, sans entraves, de Cecil Taylor à Patti Smith. Il était nourri de multiples rencontres, des musiciens du monde entier avec qui il partageait la scène, c’était pour lui une telle évidence…

Dans ses happenings, Steve osait une énergie frontale, très direct vers le public, transcendée par ses textes saccadés, dont il jouait des répétitions. Sa voix chaude et ses intonations savaient se faire terribles…

Steve nous a offert quelques prodigieux rendez-vous à Souffle Continu à Paris, où il aimait se rendre, notamment avec le groupe The Snobs. Il nous avait même un jour soumis l’idée de se faire remettre la décoration de l’ordre des Arts et des Lettres, à la boutique… L’idée que pouvaient débarquer les officiels de la Kultur française pour récompenser Steve dans notre échoppe nous avait beaucoup amusés…

De tous ces moments forts, ses anecdotes, son sens de la dérision, que nous partagions lors de ses passages, lui, sa compagne Yuko Otomo, également poète et les musiciens invités, resteront des marques puissantes et extrêmement vivantes.

par // Publié le 29 septembre 2019