Chronique

Sunna Gunnlaugs

Long Pair Bond

Sunna Gunnlaugs (p), Þorgrímur Jónsson (b), Scott McLemore (dms)

Originaire d’Islande, la pianiste Sunna Gunnlaugs signe en trio un septième disque très contemplatif en compagnie de Scott McLemore à la batterie et du remarquable contrebassiste Þorgrímur Jónsson, une excellente surprise. Pour ce Long Pair Bond, Gunnlaugs a retrouvé son île volcanique, qu’elle avait quittée pendant plusieurs années pour les Etats-Unis, où elle a multiplié les rencontres, de Drew Gress à Eivind Opsvik en passant par Tony Malaby.

L’influence perceptible de Keith Jarrett se traduit, dans la plupart de ses compositions, par une attention particulière portée à la mélodie, souvent d’inspiration très pop (voir son interprétation du « Diamonds On The Inside » de Ben Harper) que sert un toucher délicat.

Le retour au pays s’exprime ici par la quête d’une nature vierge et apaisée. C’est l’axe fort de la relation entre pianiste et bassiste qui impose ici ces atmosphères subtiles. Tous deux devisent sereinement au fil de l’album, bien encadrés par le drumming frugal de McLemore (« Fyrir Brynhildi ») qui sait parfois se faire plus anguleux (« Safe From The World »). C’est avec « Elsabella », le morceau le plus séduisant, que cette recherche d’espace se concrétise, portée par le jeu lumineux de Jónsson. Long Pair Bond est une jolie promenade au cœur d’un trio auquel on pourra reprocher un certain manque d’audace, mais certainement pas de ne pas maîtriser son sujet.