Chronique

The Cookers

Cast the First Stone

David Weiss (tp), Georges Cables (p), Billy Harper (ts), Cecil Mc Bee (b), Billy Hart (dms), Eddie Henderson (tp), Craig Handy (as)

Label / Distribution : Plus Loin Music / Abeille Musique

Une réunion d’anciennes gloires mais plutôt de second rang, plus connues pour avoir accompagné des légendes que pour en être elles-mêmes.
Une pochette au graphisme en forme de clin d’œil aux travaux de Reid Miles pour Blue Note.
Enfin, en guise de nom de groupe, tout un hommage, et tout un programme : The Cookers, d’après Night of the Cookers duel de trompettes entre Lee Morgan et Freddie Hubbard qui enflamma le club new-yorkais de La Marchal en 1965.
Et cette chronique de commencer dans une tiédeur un peu méfiante.
Rapidement dissipée.

Dès l’entame, même. Avec le très réussi « Cast the First Stone » la recette s’impose. Et l’auditeur de céder au plaisir à mesure d’ingrédients tels que :

  • les échos cap-verdiens bien tempérés d’un « Think On Me » évoquant Horace Silver.
  • la belle reprise d’une composition d’Harold Mabern pour Lee Morgan, ancien professeur de Billy Harper.
  • Tout au long du disque ces accords bien frappés qui entrainent, riffs de cuivres aidant, la semelle dans des battements de possédé.

La marque d’artisans modestes et soigneux sachant pondre des thèmes efficaces, les habiller de cuivres raffinés qui s’entrelacent avant d’exploser régulièrement en jouissives scansions.
Des artisans dont je moquais un peu méchamment la semi-notoriété mais qui, s’ils ne sont pas connus au point d’avoir toujours leurs entrées dans les dictionnaires de jazz, n’en furent pas moins d’importantes chevilles ouvrières des très riches heures du hard-bop surtout, mais aussi du jazz spiritualiste (Cecil Mc Bee tint notamment la contrebasse au côté d’Alice Coltrane et Pharoah Sanders).

Le trompettiste David Weiss, le benjamin – avec le saxophoniste Craig Handy –, est à l’initiative de ce groupe, dont Cast the First Stone est le deuxième album. A la fois grand organisateur et jeune commis au milieu des chefs il participe de manière très honorable à la réussite de l’ensemble, celle d’un disque qui, sous ses apparences calmes, cache une énergie débordante exprimée en lentes mais implacables avancées chaloupées.
Cuisson à feu doux qui, l’air de rien, parvient à ébullition pour filer la métaphore culinaire…