Chronique

Stein Urheim

Strandebarm

Stein Urheim (g, voc, fl, hca, tamboura, bouzouki, tambour turc, mandoline, banjo, effets électroniques) ; Jørgen Træen (synth, effets électroniques)

Label / Distribution : Out There / Out Note

Un album qui tire son nom d’une petite ville norvégienne, sise au creux d’un fjord ; on va dire que le parti pris du localisme sur le dernier disque du guitariste Stein Urheim se déclare nettement.

Comme à ceci s’ajoute un enregistrement dans l’église de la ville en question, l’enracinement se renforce en même temps qu’une certaine solennité austère que les clichés culturels associeraient volontiers au protestantisme scandinave.

Mais ce point de départ, cette manière de déclaration programmatique, est perverti, de manière fort heureuse, de l’intérieur même.
Car la coloration folk, acoustique, faite de guitare en bois brut et de violon norvégien, est panachée d’instruments exotiques comme de synthétiseurs du siècle dernier.
On y entend aussi des souvenirs de gavotte, des échos de sitars indiens, des glissades steel du grand Ouest américain ainsi que de vagues réminiscences de jazz, genre que le monsieur fréquente aussi, surtout en dehors de sa carrière solo, dont c’est ici la troisième sortie.

Nourri d’intenses préoccupations écologiques, cet album est à la fois enraciné et ouvert, local et mondial, atmosphérique et très terrien. Les boucles, nombreuses, distillent une certaine froideur en même temps qu’une certaine sensation de douillet. Surgissent des mélodies par bribes dont certaines s’immiscent et ne s’évanouissent pas.
En somme, un mariage pas malheureux de qualités a priori antinomiques pour un disque presque entièrement fait main, son collègue Jørgen Træen n’intervenant que sur une toute petite part de l’album.