
Valérie Graschaire - Pierre Brouant
Third Stream
Valérie Graschaire (voc), Pierre Brouant (p) + Stéphane Belmondo (flh, tp), Manu Codjia (g).
Label / Distribution : Trebim Music / L’Autre Distribution
On n’attendait pas forcément un tel disque de la part de Valérie Graschaire, dont on connaît depuis quelque temps maintenant l’énergie et le groove qui nourrissent sa musique. L’album Wrap It Up, paru en 2020, dont nous nous étions fait l’écho ici même, en était un bon exemple.
En s’associant au pianiste Pierre Brouant, qu’elle côtoie depuis quelques années et qui s’est impliqué avec elle dans la sélection de « chansons » au menu de Third Stream, elle semble avoir voulu esquisser les contours d’une musique délivrée de toute forme d’urgence pour imaginer un havre de paix. Un refuge qui serait une réponse, peut-être, aux tourments de notre monde et aux inquiétudes qu’il peut susciter chez chacun d’entre nous. Sous la supervision d’un directeur artistique nommé Franck Agulhon, cet objectif est atteint par le duo qui évolue aux confins du jazz, de la chanson et de la musique impressionniste, expliquant ainsi le titre du disque, en référence sans doute à la définition de ce « troisième courant » donnée par le compositeur et chef d’orchestre Gunther Schuller. Frank Sinatra, Burt Bacharach, Bill Frisell, Brad Mehldau, Victor Young ou bien encore Claude Nougaro sont les hôtes de cette célébration aux couleurs nocturnes – « In The Wee Small Hours Of The Morning ». La formation classique de Pierre Brouant (qu’on avait pu découvrir en 2021 au sein du trio Back To C emmené par le saxophoniste Pierre Cocq-Amann) n’est pas pour rien dans la définition du climat romantique d’un disque dont le fil rouge est tout naturellement l’amour. Valérie Graschaire, comme mise à nu dans cette quête de l’épure, n’a sans doute jamais aussi bien chanté.
Third Stream, paru sur le label Trebim de Diego Imbert, ami de longue date de la chanteuse, est l’occasion pour elle de faire montre d’une sensibilité qui lui convient à merveille. Avec le pianiste, ici très inspiré (son introduction de « Over The Rainbow » est une splendeur), avec ou sans paroles, elle enchante chaque mélodie, prenant le temps d’insuffler la vie sans jamais tomber dans l’ornière de la sensiblerie. Le chant de Valérie Graschaire est juste. Stéphane Belmondo et Manu Codjia, les deux invités du disque sur quelques titres, semblent avoir eux-mêmes succombé aux charmes de cette musique d’une grande élégance. Il y a dans ce Third Stream comme une sorte d’évidence.