Chronique

Valérie Graschaire

Finally

Valérie Graschaire (voc),
 Pierre-Alain Goualch (p, Fender Rhodes),
 Diego Imbert (cb),
 Franck Agulhon (dr),
 Stéphane Belmondo (bugle)

Les lorrains connaissent Valérie Graschaire (native de la ville de Metz) depuis un bon petit bout de temps. Ils ont pu découvrir l’étendue de son talent au sein de son quartet ainsi qu’à travers différentes expériences comme celle qui l’a amenée à devenir dans les années 90 la chanteuse de l’Orchestre National de Jazz de Lorraine (avec lequel elle enregistrera l’album Angusta d’Amour en 1999) où à monter un répertoire dédié à Thelonious Monk avec la complicité du pianiste Pierre-Alain Goualch, projet qui aboutit en 2000 à un album remarqué, Honky Monk Woman.

Aujourd’hui, elle est (enfin) reconnue comme l’une des plus belles voix de la scène jazz française et ce n’est que justice. Aussi ce n’est pas sans une certaine émotion que Franck Agulhon, au détour d’une interview où il devait être question de sa propre actualité, tient à souligner qu’il se sent un peu comme le « papa » de Finally, un disque sorti chez Cristal Records à l’automne dernier et pour lequel ont été réunis les vieux amis, les complices de (presque) toujours que sont Diego Imbert (contrebasse) et Pierre-Alain Goualch une fois encore, auxquels viennent s’ajouter le lyrisme de Stéphane Belmondo au bugle et les inspirations de Peter Gabriel, Rémi Chaudagne, Eric Legnini ou Joni Mitchell.

Papa dites-vous ? Car si Valérie Graschaire est à la ville madame Agulhon et la mère des enfants du batteur, on devine forcément le subtil dosage d’amour, de famille et d’amitié avec lequel a été tissée la belle toile chaleureuse de ce disque à la production épurée (il n’est jamais inutile de souligner la qualité de la prise de son qui, ici, fait la part belle aux instruments, presque tous acoustiques, qui semblent venir nous jouer au creux de l’oreille), et met en valeur la voix chaude de Valérie Graschaire en nous prenant par la main pour une tranquille balade sur fond de ballades dont les influences vont aussi bien puiser à la source du jazz qu’à celle d’une certaine pop music.

Les reprises de « Mercy Street » (Peter Gabriel) et de « Both Sides Now » (Joni Mitchell) sont de belles réussites qui se mêlent naturellement à des compositions originales ou à de semi-reprises, comme l’élégant « Nightfall » d’Eric Legnini sur lequel Valérie Graschaire a écrit ses propres paroles. Disque intimiste et apaisé, Finally est un petit moment de grâce et une belle carte de visite supplémentaire pour la chanteuse.