Chronique

Veda Bartringer Quartet

Deep Space Adventure

Veda Bartringer (g), Julien Cuvelier (s), Boris Schmidt (b), Maxime Magotteaux (dm)

Label / Distribution : Auto Productions

Deep Space Adventure s’impose comme une autoproduction de choix car rien n’y est laissé au hasard. La thématique tout d’abord : la Luxembourgeoise Veda Bartringer s’est inspirée d’une image publiée par la Nasa, la dernière photo prise par la sonde Voyager 1 à l’instant où elle quitte le système solaire et où ressurgit un tout petit point, la Terre, dans une obscurité totale. Ensuite, la formation qui l’entoure, à laquelle elle procure les bases musicales de ses compositions, laissant aux musiciens l’opportunité d’affirmer chacun leur personnalité. Cette guitariste est l’une des rares femmes qui se dédient au jazz dans le Grand-Duché de Luxembourg, si l’on excepte la chanteuse germano-luxembourgeoise Sascha Ley, inspirée par l’univers de John Zorn.

Après un master au Conservatoire Royal de Bruxelles, Veda Bartringer a publié un premier disque en quartet en 2022, The Butterfly Effect. Elle s’est produite en duo avec la chanteuse Ann Vandenplas, le saxophoniste Fabrice Muratore ou le guitariste Joël Rabesolo. Inspirée, elle écrit ici des compositions raffinées, « No Edge In The Sky » où la paire rythmique est en pleine osmose, « Io’s Volcan » qui, comme son nom l’indique, est chaleureux, hispanisant et propice à des envolées lyriques. Son style, fait d’un jeu d’accords subtil et limpide, se situe par moments dans la lignée de John Abercrombie lorsqu’il interprétait des morceaux intimistes.

« Lift Off » est un vaisseau spatial entouré d’étoiles : l’union de la guitare et du saxophone forment une bande-son qui tend à une parfaite harmonie. Le saxophoniste Julien Cuvelier insuffle des notes tendres que n’aurait par reniées Stan Getz. Les nombreux climats en mezza voce lui conviennent parfaitement, il démontre également une habileté à se fondre dans les multiples ruptures rythmiques d’« Avoid The Asteroid ». Ayant été à bonne école avec des professeurs renommés comme Hein van de Gein ou John Ruocco, le contrebassiste Boris Schmidt s’est produit avec Steve Houben, Wolfgang Muthspiel, Gianluigi Trovesi ; il fait aussi partie du célèbre ensemble baroque l’Arpeggiata. Son expérience musicale irrigue ses interventions solistes dans « Search For Light » et « Pale Blue Dot », deux ballades exquises. Très attentif à la progression harmonique des différentes compositions, le batteur Maxime Magotteaux, qui a côtoyé Jean Louis Rassinfosse et Antoine Pierre, se révèle être un rythmicien de choix pour Veda Bartringer.

Deep Space Adventure se conclut avec « Down To Earth », parsemé de sonorités futuristes, qui reflète l’inspiration thématique de l’album. Veda Bartringer s’inscrit désormais dans la lignée des figures tutélaires du jazz luxembourgeois, Gast Waltzing, Ernie Hammes, Michel Reis et Pascal Schumacher.

par Mario Borroni // Publié le 17 novembre 2024
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