Chronique

Peter Evans

Extra

Peter Evans (piccolo tp, bugle, p), Petter Eldh (b, synt), Jim Black (d, electronics)

Label / Distribution : We Jazz Records

Magnifique ! Voilà la définition de ce qu’est la musique improvisée à son plus haut niveau, Peter Evans ne sort pas un album sans bonne raison et surtout pas pour enrichir son abondante carrière discographique. Trois éléments définissent Extra, une musicalité enivrante, des improvisations de haut vol et l’expérimentation de schémas harmoniques inhabituels. Trois musiciens connectés façonnent cette œuvre, toujours prompts à interagir ensemble. Cette résultante étonnante se démarque de la production discographique actuelle.

Le trompettiste explore des timbres inusités et réalise un tour de force à l’heure où l’instrument peine à se renouveler. La puissance de son jeu instrumental ne néglige jamais ce qui demeure fondamental, la parfaite lisibilité de la thématique. Quant aux compositions extrêmement élaborées, elles ouvrent à une part d’imaginaire. « Freaks », avec ses rebondissements constants, témoigne d’une science musicale experte, la batterie de Jim Black s’y distingue par ses métriques élaborées, on est face à un déferlement d’idées en renouvellement permanent. La contrebasse de Petter Eldh agit en force motrice et soutient l’édifice musical avec détermination. La trompette embrasse l’histoire de l’instrument par un concentré d’énergie fluctuante, les fulgurances de Clifford Brown et de Lester Bowie s’entremêlent pour donner naissance à cette nouvelle dimension musicale. « In See » fait déferler des sons modulés inusités et « Boom » témoigne d’une conception de la ballade elle aussi totalement repensée dans sa structure interne. De grands espaces cohabitent dans « Nova » et « Movement 56 », la thématique dérive alors vers une musique de chambre intelligemment parsemée d’électronique.

A l’image de « Fully Born » où la cohérence du développement structurel et l’improvisation de haut vol ne font plus qu’un, Extra place la barre très haut. Peter Evans concilie ici son attachement à la tradition jazzistique et une vision futuriste et personnelle extrêmement élaborée.

par Mario Borroni // Publié le 20 octobre 2024
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