
Francis Lockwood - Johan Renard
New Surya
Johan Renard (v), Francis Lockwood (p), Frédéric Sicart (d), Henri Dorina (b), William Brunard (b), Baptiste Herbin (ts, ss), Jean Michel Kajdan (g)
Label / Distribution : Continuo Jazz
Sur la pochette de New Surya, le soleil apparaît en clair-obscur, loin du feu qui irradiait le disque Surya enregistré aux studios Damiens en août 1977 et qui allait bousculer la planète jazz. Didier Lockwood, en vacances de Magma, se lançait alors dans une aventure de courte durée, épaulé par son frère Francis et Luc Plouton aux claviers, et le tandem rythmique explosif composé de Sylvin Marc et Jean-My Truong. Le défunt label Free Bird avait distribué l’album, composé de huit morceaux, en 1979. Le public fut conquis mais il n’y eut pas de suite, Surya, le dieu soleil dans la mythologie hindoue, disparut à jamais.
C’était compter sans cet hommage que l’aîné Francis Lockwood a consacré en 2024 à son frère Didier, brutalement disparu en 2018. New Surya a l’intelligence de ne pas reprendre des compositions du lointain Surya. Les comparaisons ne peuvent que nuire à une écoute objective, de nombreuses décennies se sont écoulées depuis le premier opus et la musique a subi des mutations esthétiques conséquentes.
Pas de redites certes, mais « Sir James » qui ouvre l’album laisse transparaître la technique instrumentale héritée du jazz-rock qu’affectionnait Didier Lockwood, le placement des notes et la colorature typique sont retranscrites avec brio par Johan Renard. Ce sont d’ailleurs des compositions imprégnées d’une esthétique chère aux formations françaises des années soixante-dix qui se succèdent, « Monkamania » résolument dansant, « An Easy Journey » qui bénéficie d’une intervention de Jean-Michel Kajdan dans la lignée mélodique d’Allan Holdsworth. Le batteur Frédéric Sicart, le bassiste Henri Dorina et le contrebassiste William Brunard s’accolent aux structures musicales quelquefois complexes rythmiquement. Yohan Renard a soin de varier les sonorités issues de son violon, sa virtuosité s’épanche merveilleusement dans « Lazy Day ». L’écriture de Francis Lockwood est éloquente, en particulier dans les pièces introspectives, « Tangossimo » et le mélancolique « Yang Tsé River ». La virtuosité n’est pas en reste, il suffit d’entendre « Rolling Violin » pour mesurer l’expressivité de ce pianiste qui n’est pas reconnu à sa juste valeur, ses albums Debbi et Home Sweet Home enregistrés dans les années quatre-vingt témoignent de son talent.
La force de New Surya s’incarne par Johan Renard à qui incombait la lourde tâche de succéder à un maître, il a non seulement réussi mais a su remarquablement renouveler une musique exigeante, Didier Lockwood aurait apprécié.