Scènes

Vincent Peirani, le jazz au naturel

2020 marquait le 25e anniversaire du festival Jazz Naturel. Peut-être le dernier.


Jazz Naturel, rencontre créée en 1994 sous l’égide de la mairie d’Orthez et portée en 25 ans au rang de festival majeur par l’opiniâtreté de Jacques Canet, conscience, cheville ouvrière, et infatigable promoteur de l’évènement auprès des municipalités successives.

Festival majeur à l’évidence par la diversité et la constante qualité de la programmation bien sûr, mais aussi par sa relation privilégiée avec la population et sa priorité de l’ouverture aux scolaires. Auditeurs d’hier, des acteurs émergent aujourd’hui, visages locaux ou voisins, exemplaires du potentiel de ces émerveillements de jeunesse : Sylvain Darrifourcq, Florian Marquès, Fidel Fourneyron, ou l’emblématique Paul Lay en témoignent.

2020 restera pour les musiciens meurtris l’année des annulations. On tentera pourtant ici l’impossible pour reprogrammer plutôt qu’annuler, au plus tôt en des temps meilleurs, à l’instar de ce concert de Vincent Peirani reporté de six mois, le tout premier de l’année pour le quintette (songez, en septembre !), quitte à imposer pour la circonstance une substitution de saxophonistes…

Vincent Lê Quang ; Yoann Serra ; Vincent Peirani

Le quintet de Vincent Peirani, Living Being jouait le répertoire Night Walker au Théâtre Francis Planté à Orthez, le 24 septembre 2020.
Il était composé spécialement de Vincent Peirani, accordéon, accordina ;
Yoann Serra, batterie ; Tony Paeleman, Fender Rhodes ; Vincent Lê Quang, saxophone soprano et Julien Herné, basse électrique.

Soyons clairs, on ne remplace pas Émile Parisien d’un claquement de doigts. Il fallut tout le talent, et le travail à n’en pas douter, de Vincent Lê Quang, le complice de jeunesse, des avants et des après cours, pour se glisser en une première fois magistrale au cœur d’un groupe aussi soudé, avec autant de brio et un tel feeling. Découverte émerveillée pour beaucoup, qui rêvent encore de cet incandescent « Cold Song (What Power Art Thou ?) » tiré du King Arthur de Purcell. Et de quelques autres trésors…

Surprise et rencontres, comme Jazz Naturel adore les offrir à une audience depuis longtemps fidèle. 25 années d’engagement et de respect. Le public l’a compris, les artistes les vantent. Mais en ces temps de culture blessée, bafouée, et de festivals qu’on abandonne, que n’interpellons-nous les édiles avec la même énergie : « What Power Art Thou ? » [1]

par Pierre Vignacq // Publié le 17 janvier 2021

[1Quelle puissance es-tu ?