Chronique

Vittorio Solimene

Alexithymia

Lorenzo Simoni (as), Vittorio Solimene (p), Alessandro Bintzios (b), Michele Santoleri (dm)

Label / Distribution : WoW Records

L’alexithymie est une pathologie qui résulte d’une connexion déficiente entre les centres cérébraux de l’émotion et ceux où elle est représentée de façon consciente. Vittorio Solimene s’inspire de ce terme issu du grec afin de donner naissance à son album, entouré de Lorenzo Simoni au saxophone alto, Alessandro Bintzios à la contrebasse et Michele Santoleri à la batterie.

Les compositions s’affichent comme des récits ayant en commun des sensations et des expériences vécues dans lesquelles la parole n’est pas présente. Le généreux pianiste romain signe les neuf pièces de ce second album en leader qui fait suite à Urlo Piano en 2019. L’implication totale des quatre musiciens donne une couleur automnale à l’album par moments, en osmose avec la thématique proposée.

La construction harmonique est l’une des caractéristiques majeures de cet album : la science des accords et des enchaînements habiles est manifeste dans « And the Sun Rises ». La révélation d’Alexithymia se nomme Lorenzo Simoni. Bardé de prix d’interprétation, ce saxophoniste s’est frotté à rien de moins qu’Enrico Rava, Giovanni Tommaso ou Nasheet Waits ; ses chorus à l’alto sont ici de véritables délices. La tonicité du batteur Michele Santoleri dans « Invisible Walls » stimule ses partenaires ; il les soutient tout en apportant l’audace nécessaire au développement des improvisations. « The Old Man in Estella », qui évoque la rencontre fortuite, à Santiago, d’un vieillard voyageant avec la photo d’un être cher accrochée à son sac à dos, se fond dans le concept de l’album. Le chant de la contrebasse d’Alessandro Bintzias illumine cette composition, loin de tout idiome traditionnel.

Une remarquable sagacité se dégage d’Alexithymia ; ses quatre membres à l’imagination fertile développent un discours qui vise à l’épanouissement.