Chronique

Marcello Abate - Matteo Padoin - Daniele Patton

Il testamento dell’albero

Marcello Abate (g), Matteo Padoin (b), Daniele Patton (dm) + Valentina Fin (voc), Pietro Tonolo (fl,ss,ts), Robert Bonisolo (ts), Paolo Birro (p)

Label / Distribution : Caligola Records

C’est l’album des contrastes : tensions et décontraction se calquent sur les formats extensibles proposés par Marcello Abate, Matteo Padoin et Daniele Patton qui invitent des musicien·ne·s à les rejoindre au gré des morceaux d’Il testamento dell’albero.

À tout juste trente-quatre ans, Marcello Abate est l’un des guitaristes transalpins des plus originaux. Son jeu combine l’effervescence et la somptuosité des standards américains. Ayant fait ses preuves dans le trio Offset, plutôt orienté vers le jazz-rock, il a collaboré avec Achille Succi et Mauro Negri, remarqué en France pour ses collaborations avec Aldo Romano et Henri Texier. Les interventions solistes de Marcello Abate sont construites habilement et donnent une identité forte à l’album, ses partenaires musicaux n’ont plus qu’à tendre l’oreille et à tisser un canevas solide. Matteo Padoin a suivi un cursus au Berklee College Of Music de Boston où il a étudié avec de nombreux contrebassistes de renom, John Patitucci, Ron Carter ou Dave Holland. Son solo dans « White Note Tune » affiche une aisance conjuguée à une belle sonorité, il forme un duo solide robuste avec Daniele Patton. Rodé aux scènes européennes, ce batteur polyvalent explore les différentes facettes du jazz tout en œuvrant à l’élaboration d’une méthode de batterie, fruit de ses expériences d’études et d’enseignement de cet instrument.

La voix diaphane de Valentina Fin esquisse des arabesques, ses interventions apportent un raffinement exquis à « Fennec » qui ouvre l’album ainsi qu’à « Norma/John », subtile dédicace à Norma Winstone et John Taylor. Habité par une profonde nostalgie, « Rabarbaro » s’illumine de la colorature exquise de la chanteuse.

Changement d’univers avec « Solar Panels » qui met en avant le piano de Paolo Birro, très inspiré par Bill Evans. En opposition, « Blue Eyes » nous transporte sur les rivages de Broadway, baigné par une ambiance issue en droite ligne de Jim Hall. Une autre facette musicale apparaît lorsque Pietro Tonolo transfigure « Call If You Need Me » par son intervention chaleureuse au saxophone soprano.

Neuf des dix pièces musicales d’Il testamento dell’albero proviennent de compositions de Marco Birro. Décédé en 2020 à l’âge de 26 ans, ce pianiste avait enregistré un superbe album en trio fait de compositions originales, Un bellissimo albero.

par Mario Borroni // Publié le 28 avril 2024
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