Tribune

Rat Records : rare et perfide

Quelques musiques du label Rat Records accessibles sur Bandcamp


A la tête de nombreux groupes aux esthétiques variables et sideman demandé sur la scène belge et international, le batteur Teun Verbruggen s’occupe également du label Rat Records. Fort d’une grosse quarantaine de références dans lesquelles il intervient ou fait intervenir ses partenaires musicaux, Verbruggen en propose certaines sur bandcamp. Petite sélection.

Depuis plus de quinze ans, le label voit passer quantité de musiciens, belges principalement, nord-européens ou encore américains. Fruit des explorations tous azimuts du batteur, ces disques sont le reflet d’une scène en pleine possession de ses moyens et soucieuse de proposer de nouvelles voies à l’improvisation. À la croisée de nombreuses esthétiques dans lesquelles on entend aussi bien du jazz que du rock ou de la musique électronique, ce label soigne son esthétique art-punk, dans les visuels comme dans le son.

Bureau of Atomic Tourism : The Seconds Law of Thermodynamics / Arco Idaho / Scintigraphy
On retrouve trois des premières productions de ce super-groupe à géométrie variable puisque dans ces disques, et contrairement au dernier en date, on peut attendre la guitare de Marc Ducret, la clarinette d’Andrew D’Angelo, la trompette de Nate Wooley et la basse de Trevor Duun au côté de Jozef Dumoulin et Teun Verbruggen. Des interventions à haute tension lacèrent des brouillards électriques dans une ambiance dark qui ne relâche pas la pression.

Dans le prolongement de B.O.A.T., le trio Wooley / Ducret / Verbruggen ne fait pas dans la demi mesure non plus avec Evil Art Contest. Plages improvisées, rugosité des échanges, les trois musiciens se cherchent et s’affrontent dans un mouvement ample. Sens du timing et maîtrise du propos en font des plages aussi arides qu’excitantes en forme de montagnes russes.

Chaos of The Haunted Spire (Andrew Claeys, Teun Verbruggen, Jurgen Desmet, Pierre Vervloesem et Mirko Banović) est un creuset pop dans le sens où il accueille les nombreuses esthétiques qui ont vu le jour au XXè siècle. Free, dub, drum’n’bass, noise et jazz se retrouvent autour de lignes de basse massives et hypnotiques sur lesquelles des savants fous viennent inoculer les sons les plus synthétiques. Le groupe, adepte de l’hybridation et du transgenre musical, atteint sa cible.

Impeccable Class ou le côté free de la force. En deux longues pistes, le quartet qui réunit les synthétiseurs de Thijs Troch, la batterie de Verbruggen, la basse et voix de Sigfried Burroughs face au saxophone hurleur et au violon de Jan Daelman installe un climat bousculé, délicieusement noir et étouffant.

Buurman est un duo atypique puisqu’il rassemble la batterie heurtée de Verbruggen et Oscar Jan Hoogland au … clavicorde électrique. Bach qui signa des pièces pour l’instrument doit se retourner dans sa tombe à l’écoute de cette musique brutale. Les sons claquent et se percutent dans un emballement permanent qui n’empêchent pas certaines montées tribales réussies. A écouter fort pour montrer à vos voisins que, non, ils n’ont pas le monopole du bruit.