Chronique

Andrew Hill Sextet Plus 10

A Beautiful Day, Revisited

Andrew Hill (p).

Label / Distribution : Palmetto Records

Andrew Hill, éternel singulier, a préféré l’exploration au succès. Il aurait pu devenir une icône du piano jazz dans un des labels les plus populaires de l’histoire, mais il a choisi de se concentrer sur ses propres compositions. Signature et pilier de Blue Note, emblème des plus chaudes heures du hard bop, tout en ayant le regard tourné vers l’avant-garde européenne, il a enregistré des disques tenant des deux mondes tout en inventant les siens propres.

A Beautiful Day Revisited, qui appartient à l’ultime phase du créateur, reste fidèle à cet esprit d’aventure. Enregistré lors de trois jours de concerts au Birdland en 2002, soit cinq ans avant sa disparition, on doit au producteur Matt Balistaris cette nouvelle sortie, augmentée et retravaillée par rapport à la première édition.

L’album étend l’original en deux disques, avec huit compositions revues et corrigées. Le thème « 11/8 », autrefois court, s’étire sur six minutes, donnant à Hill l’occasion de présenter ses quinze musiciens.
La composition-titre s’offre comme une seconde interprétation de 16 minutes, parfaite illustration du caractère infiniment changeant, vivant, évolutif de la musique de Hill.
Et puis il y a « Mo », cette rencontre improbable entre une fanfare de la Nouvelle-Orléans et des expérimentations de Charles Ives, où se résume l’essence de Hill : jamais où on l’attend, toujours où il faut.

Compositeur magistral, capable de créer des espaces où l’écriture précise laisse toute sa place à l’improvisation. Des bouts de thèmes, des riffs, des rythmes font dodeliner de la tête, taper du pied, tout en menant à des parcours sinueux, complexes, mais toujours passionnants. Le trompettiste Ron Horton, au plus près de l’esprit du compositeur, a signé une orchestration pour grand ensemble majestueuse jusque dans les espaces de liberté qu’elle laisse.

Outre le plaisir d’écoute sans pareil qu’il offre, ce genre de sortie – entre la réédition et l’inédit – est l’occasion d’un juste rappel de l’importance et l’originalité d’Andrew Hill dans la grande histoire des grandes musiques.

par Aymeric Morillon // Publié le 2 mars 2025
P.-S. :

Andrew Hill (p) ; Scott Colley (b) ; Nasheet Waits (d) ; Marty Ehrlich (as, cl, bcl, fl), Greg Tardy (ts, cl, bcl) ; Ron Horton (tp, arr, lead) ; Aaron Stewart (ts) ; John Savage (as, fl) ; J.D. Parron (bs, bcl), Dave Ballou (tp) ; Laurie Frink (tp) ; Bruce Staelens (tp) ; Charlie Gordon (tb) ; Joe Fiedler (tb) ; Mike Fahn (tb) ; Jose D’Avila (tb).