Scènes

Andy Milne à Cully

le compagnon de Steve Coleman jouait en Suisse.


Andy Milne Cosmic Dapp Theory

Andy Milne (kb), Grégoire Maret (hca), Kokayi (rap), Rich Brown (b), Mark Prince (d).

19 e festival de Jazz de Cully (Suisse). Vendredi 23 mars 2001.

Cully se trouve au bord du Lac Léman. Plusieurs choses frappantes pour un français. D’abord, la précision de l’organisation. Des gardiens munis de bâtons lumineux vous guident jusqu’au parking. Les publicités pour l’alcool et le tabac sont omniprésentes. Le cannabis est en vente libre et cela se sent. L’ambiance est festive, plutôt pop. Des milliers de personnes se promènent dans ce village entre caveaux (de vignerons pas de cimetières !) et concerts officiels sous chapiteau.

Quant au concert d’Andy Milne et son groupe, il s’est caractérisé par sa diversité. Le leader passe selon ses envies du piano au Fender Rhodes et au synthétiseur. J’ai noté un seul standard, « Con Alma », de Dizzy Gillespie, joué ici dans une version beaucoup plus noire que celle de Frank Amsallem à Montbéliard huit jours avant. La musique est chaude, dansante, mêlant physique et intellect, « body and soul ».

Le rapper s’efface lorsque l’air devient trop sophistiqué et pulse lorsque le groove se fait hyperbolicsysquadellimystic. Le batteur joue essentiellement funky mais de façon variée et pas lourde. Certains passages m’ont fait penser aux timbales mexicains ou plutôt au son de Sheila Escovado, ex-batteuse de Prince. Grégoire Maret n’est pas encore au niveau d’Olivier Ker Ourio mais après tout, il a dix ans de moins et son talent est prometteur. Le bassiste pulse bien mais ce n’est pas un lourdaud. Je ne suis pas assez spécialiste de l’instrument pour savoir qui l’a influencé le plus de Stanley Clarke, Jaco Pastorius, Marcus Miller, Daryl Jones, Larry Graham, Bootsy Collins.

Le plus jazzman de tous, c’est Andy Milne mais c’est bien de jazz qu’il s’agit. Milne est très impressionnant par sa capacité à passer d’une ambiance à une autre, d’un thème extrêmement cérébral à la célébration de l’énergie vitale par la danse. Il me semble que cet homme peut tout jouer avec ses claviers.Et pour le plus grand bonheur du public, il ne s’en prive pas. Certes, il ne choisit pas, mais je me garderai bien de le lui reprocher.

Un grand vent de liberté souffle sur cette musique et « Le Jazz, c’est la Liberté »( Duke Ellington).

Après ces minutes de bonheur, Courtney Pine est devenu déverser un torrent de soupe qui m’a fait fuir dès les premières minutes. Comme Ronnie Jordan lui succédait, j’ai préféré partir et rentrer chez moi m’écouter « So What » joué par un vrai guitariste, Elek Bacsik.