
Berlinde Deman, Mirko Banović
Hum.
Berlinde Deman (serpent), Mirko Banović (b)
Label / Distribution : Auto Productions
Hum. L’interjection a plusieurs sens, de la surprise à la circonspection. Nous choisirons la première pour ce duo venu d’Anvers, comme l’orchestre Flat Earth Society dont il sont tous les deux membres. Ne serait-ce que pour l’instrumentarium fait de basse et d’effets. Mirko Banović est un bassiste électrique qui aime l’électronique et gère à merveille les nappes bruitistes comme autant de brouillards étranges. Quant à Berlinde Deman, tubiste fanfaronne et récente collaboratrice d’Ab Baars dans un précieux trio, on la connaît de plus en plus grâce à son autre instrument : le valeureux serpent, ancêtre du tuba et toujours bien vivant.
Dans le climat d’électronique de Hum., dans la boucle grouillante de sons de Mirko Banović sur « Shima », on l’entend en majesté, flottant hors du temps. C’est à ce genre de voyage que nous invite le duo, avec ses artefacts électroniques qui flottent en orbite et ce souffle aussi pur qu’un chant. Au premier abord, on se pense loin de Volny Hostiou ou de Michel Godard, deux spécialistes du serpent ; le fait que Deman le mâtine d’électronique pourrait nous le faire croire. Mais c’est une erreur : d’abord parce que la sonorité du serpent dans ce court album est souvent très pure, mais aussi parce que l’instrument d’ébène a toujours eu une aura extraordinaire, avec un son à la fois profond et aérien. Berlinde Deman, qui joue aussi dans le contexte des musiques anciennes, transcende à merveille son instrument pour suggérer des climats psychotropes, tels qu’on les entend dans « Funshitsu Shita ».
Il convient d’offrir à Hum. une écoute profonde pour en saisir toutes les subtilités, notamment dans ce second morceau où les boucles et les doubles jouent comme un labyrinthe complexe et lumineux. Jouée dans le contexte du direct, cette musique inattendue chamboule l’imaginaire pour peu qu’on s’y abandonne. Parue en cassette, comme pour en souligner l’étrangeté et en revendiquer la rareté, son écoute numérique suffit à diffuser son effet onirique.