Chronique

Binker Golding

Dream Like a Dogwood Wild Boy

Binker Golding (ts), Bill Adamson (g), Sarah Tandy (p), Daniel Casimir (b), Sam Jones (dm)

Label / Distribution : Gearbox Records

À même pas quarante ans, le saxophoniste londonien Binker Golding est l’un des plus éminents représentants du London Jazz actuel. Son duo avec le batteur Moses Boyd, notamment, avait été l’une des meilleures surprises venues de l’autre côté du Channel il y a quelques années. Sur ce nouvel opus, il propose un répertoire tourné vers l’americana, ce tropisme musical états-unien aux accents folk et bluesy, country et pop, qui donne à imaginer un road-trip dans le Midwest. Les compositions, censées évoquer sa masculinité, présentent parfois une once de vulnérabilité : son jeu de saxophone oscille ainsi entre force et douceur, et, quelque part, est marqué par une sorte de retenue so british. Comme s’il voulait se démarquer du métissage tous azimuts qui marque l’actuelle scène anglaise, son orientation musicale sonne quelque part plutôt « blanche », jusqu’à une coda qui prend des accents celtiques. Avec des complices de longue date (Sarah Tandy, la pianiste, est plus que jamais d’une pertinence artistique sans faille) du collectif Tomorrow Warriors, ce foyer musical du brit jazz actuel dont sont issus ses confrères et consœurs d’instrument, Nubya Garcia notamment, il aborde des territoires musicaux peu explorés sous les latitudes londoniennes, en particulier en dialoguant avec un guitariste qui, question blues électrique, voire blue grass, connaît son affaire. Une prise de risque consciente, dans un parcours atypique.