Chronique

Carmen Sandim

Play-Doh

Carmen Sandim (p), divers musiciens

Label / Distribution : Ropeadope

La maison Ropeadope, bien que se revendiquant d’une attitude « renégate », a signé cette pianiste d’origine brésilienne au propos somme toute assez mainstream. Dès l’entame, cette arrangeuse et productrice installée aux États-Unis se plaît à titiller l’auditeur.trice avec quelque citation de « So What » ou encore de « Barbados ». Nantie d’un CV dans le jazz-business long comme le bras, Carmen Sandim balance quelques réflexions musicales sur la féminité, sans oublier de commettre une pièce pour… son chien !
Et du chien, elle en a lorsqu’elle fait naviguer son orchestre dans des eaux agitées du jazz-rock, rappelant Eliane Elias période Steps Ahead. Son jeu de piano, profond et inspiré, s’assemble délicatement avec des cuivres dont le beau jeu en section contribue à d’émouvantes progressions dramatiques et chromatiques. Maîtresse dans l’art du riff, dans lequel elle embarque parfois le batteur, le guitariste et le bassiste, elle offre de belles perspectives aux différents solistes, dont l’énergie la nourrit pour dérouler un solo ravageur sur un titre dont la tonalité mineure est paradoxalement vectrice de joie (« Waiting for Art »).

Un tropicalisme discret parsème l’album, que ce soit via de délicats entrelacs clarinette/guitare en introduction d’un thème à la mélancolie poignante (« Me gusta l’angustia » : « J’aime l’angoisse »… tout un programme !), ou par la présence élégante d’un cavaquinho, renouant ainsi avec ses racines brésiliennes (« Hear the trees », joli thème écolo). Pour un coup d’essai, c’est un coup de maîtresse !

par Laurent Dussutour // Publié le 24 janvier 2021
P.-S. :

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