Chronique

Charles Pignone

Sinatra 100 (le livre officiel du centenaire)

Préfaces de Tony Bennett et Steve Wynn

Label / Distribution : Albin Michel

Le livre officiel (et familial) du centenaire de la naissance de Frank Sinatra. Avec l’accord et la participation de Nancy Sinatra, Tina Sinatra et Franck Sinatra Jr. Officiel et hagiographique, évidemment. Si vous cherchez des nouvelles croustillantes, ou inédites, concernant les rapports de « Frankie » avec la mafia, ou avec Mia Farrow, et même Ava Gardner, passez votre chemin. Par contre, si vous supportez à longueur de pages éloges, compliments, témoignages d’amitié indéfectibles, et exercices d’admiration de la plume de Tony Bennett, Count Basie, Billy May, Sammy Davis Jr., et autres artisans du succès de celui qui débuta chez Harry James, alors allez-y. Près de trois cent pages, grand format. Le tout divisé en trois grandes parties : l’ascension, l’apogée, la fin de carrière. Avec à chaque fois un bref historique, des quantités de photos (certaines jamais vues, et rares), des textes imprimés pleine page en très grosses lettres, et par contraste des légendes en tout petit.

Chacun apprendra à la lecture ce qu’il ignore de la vie (officielle) et de la carrière (ascensionnelle) de celui qui fut aussi, et parfois surtout, un acteur de cinéma très demandé, et excellent. Je retiens pour ma part sa capacité à rebondir vers le milieu des années 50, alors qu’il était en chute libre dans les ventes, jusqu’à remonter à des hauteurs inouïes… Sans oublier cette émission de télévision, dans les années 60, où il chante en duo avec « King » Elvis Presley lui-même, qui avait quand même été un peu (à son corps défendant !) la cause de son déclin.

Selon votre temps, vous pourrez aussi compléter (et accompagner) la lecture par quelques écoutes. Je conseille pour ma part (puisqu’on en est à chercher les points d’histoire, et les éventuelles scories de la dite) les « alternate takes » de chez Reprise (la maison de disques qui lui appartenait). C’est parfois à hurler de rire : Frank y prend des libertés avec les textes (pour mieux pouvoir les assumer entièrement ensuite dans la « bonne » version), et surtout fait entendre quelques « faux départs » (faux au sens des fausses notes) hilarants. Sur I Got Plenty Of Nuttin’ par exemple. La façon dont il en rigole avec les musiciens est exemplaire, et finit par énerver le preneur de son qui voit tourner l’heure. Bref, sacré Frankie. On l’aime. Que voulez-vous ? Pareil phrasé ne se trouve pas tous les jours ! Pareil timbre non plus ! Lester Young l’a dit, Ella Fitzgerald aussi, qui s’asseyait en bord de scène pour l’écouter quand ils partageaient un moment de concert. Après, choisissez, la période Capitol, les disques Reprise, la voix de jeunesse, celle qui prend de l’aplomb et de la charge avec l’âge. Mais ne dites jamais que le jazz n’a pas sa part là dedans.

par Philippe Méziat // Publié le 15 novembre 2015
P.-S. :

Un livre 288 pages, 27 X 35