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Edition du 23 avril 2024 // Citizenjazz.com / ISSN 2102-5487

Les dépêches

Charleville Action Jazz - Youn Sun Nah

Samedi 19 Mai 2007
Théâtre
Youn Sun Nah Quintet
(Corée/France)
Co-production Théâtre /CAJ

Charleville Action Jazz a invité Youn Sun Nah à l’Auditorium de l’ENMD en novembre 2005.

Sa prestation a conquis le public et les organisateurs à un tel point que nous avons décidé de lui proposer la scène du théâtre, plus adaptée à son immense talent.

Cette reconnaissance est générale, l’année 2006 aura été l’année de la consécration : signature par une « major », invitation dans de nombreux festivals et sur des scènes nationales : Youn Sun Nah fait désormais partie des grandes « voix » du jazz.

YOUN SUN NAH

Chanteuse Coréenne, née à Séoul le 28 août 1969.
Fille d’un père chef de chœur et d’une mère cantatrice, elle commence sa carrière musicale avec le Korean Symphony Orchestra à l’âge de 23 ans, sans jamais avoir étudié le chant. Elle participe ensuite à de nombreuses comédies musicales coréennes, d’envergures nationales, pour lesquelles elle est mainte fois récompensée. Elle est même sollicitée par la plus grande compagnie japonaise du genre (Sakye), mais refuse l’invitation.
Ne s’épanouissant pas pleinement dans ces environnements musicaux, trop contraignant à son goût, elle décide de partir à Paris, en 1995, pour y étudier le jazz et la chanson française. Elle s’inscrit au CIM, alors seule école de jazz de la capitale, à l’Institut National de Musique de Beauvais et au Conservatoire Nadia et Lili Boulanger.
Son penchant naturel pour le jazz se révèle dès lors qu’elle commence à jouer dans les clubs parisiens en 1996-1997, avec David Georgelet, Yoni Zelnik et Frank Woeste. Elle se fait rapidement remarqué par Jacques Vidal qui l’invite sur son disque « Ramblin’ » (1999). Elle reçoit de nombreux prix lors des concours de Jazz (La Défense, Saint Maur, Montmartre…), continue a sillonner les clubs et participe aussi à des festivals.
Parallèlement elle se produit en Corée. Des opportunités qui lui font mener une double carrière, entre la France, sa terre d’adoption, et son pays natal. La distance géographique l’obligeant à mener une double vie. Pour parvenir à développer son art d’un bout à l’autre du globe elle travaille avec deux équipes.
A Séoul, elle crée sa propre structure de production Bis Music avec laquelle elle auto-produit deux disques en leader distribués par Sony Music ; à Paris elle travaille avec son quintet dont les disques sont produits par le label indépendant In Circum Girum

En 5 ans, elle enregistré 4 disques (deux sont distribués exclusivement en Corée), et se produit dans de nombreux Festivals en France, en Europe et en Corée.
En 2003, elle obtient une reconnaissance totale du public et des médias coréens en devenant lauréate du prix de la meilleure artiste jazz de l’année. Quelques mois auparavant elle était programmée dans l’émission Paris Jazz Club - Rue des Lombard diffusée sur Arte. En 2004, la sortie de son album « So I am… » est largement fêté par la presse coréenne et hexagonale qui la présente désormais comme l’une des chanteuses les plus singulières de la nouvelle génération, et déjà artiste confirmée.
Enfin, ses prestations scéniques sont récompensées par le grand prix du jury lors du Festival Jazz à Juan Révélations 2005. Elle est aussi élue, la même année, meilleure jeune artiste de l’année en Corée (prix décerné à un(e) artiste toute catégorie et genre confondus).
Entre mi 2005 et mi 2006 son quintet environ 70 concerts en France, au Luxembourg, en Corée du Sud, en Chine, en Australie, au Japon, en Indonésie, en Malaisie et à Singapour.
Elle prépare actuellement un nouvel album en quintet qui devrait voir le jour fin 2007 - début 2008.
En 2007, Youn Sun Nah se produira exceptionnellement en France, consacrant l’essentiel de son année à des projets en Corée.

LA VOIX DE YOUN SUN NAH

La voix de Youn Sun Nah est troublante ; elle tient ce caractère singulier de ses origines coréennes mais aussi de ses influences musicales très variées.
Son jeu tout en nuances, et harmoniquement très subtil, lui donne la possibilité d’être d’une grande douceur mais aussi d’affirmer une incroyable puissance dans ses éclats de voix. Des qualités qui lui permettent d’exprimer un large éventail de sentiments.
Exceptionnelle improvisatrice, elle possède une importante palette de timbres et de couleurs et maîtrise parfaitement le scat. Elle a ce don rare : une fluidité de tous les instants qui repose sur son excellente technique vocale et sur une écoute totale. Son chant, tout à fait singulier, n’est que très rarement comparé à celui d’autres chanteuses. Néanmoins, quelques journalistes évoquent ces liens avec Jeanne Lee et Susanne Abbuehl pour le jazz, Björk ou Kate Bush pour la pop.
Son répertoire est essentiellement constitué de compositions originales, écrites par elle ou par ses musiciens, même si elle reprend parfois quelques standards. Elle a aussi la particularité d’utiliser plusieurs langues sur scène ou dans ces disques : le coréen, l’anglais, l’hébreu, l’espagnol ou le portugais et très rarement le français.

Les musiciens qui entourent Youn Sun Nah sont tous de jeunes talents de la scène jazz française : le contrebassiste franco-israëlien Yoni Zelnik, le vibraphoniste franco-britannique David Neerman, le pianiste Benjamin Moussay par ailleurs leader d’un remarquable trio récemment invité à Charleville, et le batteur Laurent Robin, nouveau venu dans l’aventure, partenaire régulier de M. Portal, L. de Wilde, S. Belmondo…

Tous ces musiciens sont basés à Paris. La musique du quintet va à l’essentiel, fuit l’épate et privilégie l’expression de l’imaginaire du groupe.

Un jazz à la fois minimaliste et ambitieux qui, tantôt s’inspire du silence pour parfois même s’égarer sur les berges de l’austérité, tantôt repose sur l’énergie physique du groupe supportée par des éléments rythmiques ou des arrangements plus contemporains. Un mouvement qui se nourrit du caractère cosmopolite du groupe et repose sur la diversité des cinq partenaires. Un jazz aux influences variées qui transporte de l’occident à l’orient.

(Tous les textes : © Axel Matignon)