Chicago Trio

Au fond, la notion de liberté telle que les musiciens regroupés dans l’AACM (Association For The Advancement Of Creative Musicians) la pratiquent consiste, et c’est tant mieux, à ne se fixer aucune règle a priori, pas même celle de jouer « free ». On se souvient de l’Art Ensemble enregistrant en 1969 l’exceptionnel « People In Sorrow » (un des plus beaux disques de toute l’histoire du jazz et sans doute l’œuvre de musique improvisée la plus émouvante qui soit), et trois jours avant ou après la musique du film Les Stances à Sophie, avec un parfum rythm’n’blues affirmé, à côté d’un arrangement somptueux de madrigaux de Monteverdi (« Lasciate mi morire »).

Depuis, la chose est devenue courante, et ce n’est pas Ernest Dawkins, saxophoniste alto (et ténor, et soprano), ancien président de l’AACM qui va démentir cette position. Kahil El’ Zabar soutient aussi, de la même façon, cette façon de comprendre la liberté, sachant ici faire œuvre de musicien et là de dessinateur de mode, par exemple.

Voici donc, en hommage à Fred Anderson, disparu deux ans avant ce concert dans le lieu qu’il avait créé et soutenu, un long et fort agréable set de près de deux heures, avec trois irréfutables de la scène de Chicago, dont Hamid Drake, bien connu en France pour son amabilité et son talent. Harrison Bankhead est un violoncelliste et contrebassiste à découvrir d’urgence également.