Tribune

Claude Carrière (1939-2021), le Commandeur

Le monde du jazz perd un érudit, un passeur, un musicien, une figure tutélaire.


Photo Frank Bigotte

Ils sont peu nombreux (il n’y a pas de femmes) les anciens de l’ORTF et de France Musique à avoir éveillé des générations d’amateur.trice.s (il y en a) aux musiques de jazz, rien qu’au son de leur voix.

André Francis (1925-2019) et Claude Carrière (1939-2021) en faisaient partie.
Claude Carrière, c’est ce monsieur chic avec un chapeau qu’on croisait à l’Académie du jazz (qu’il avait présidée entre 1993 et 2004), dans les clubs de jazz pour son émission Jazz Club, dans les couloirs des institutions et surtout à la Maison du Duke qu’il avait aidé à fonder.

Musicien, pianiste, il était surtout devenu une encyclopédie vivante, tels ces vieillards d’Afrique dont on dit qu’à leur mort c’est une bibliothèque qui brûle. Fort heureusement, Claude Carrière a pu consigner par écrit l’essentiel de ses connaissances et de ses opinions sur la musique. Dans des livres, des préfaces, des notes de pochettes, des conférences…

Cette vidéo très simple le montre tel qu’il était, sérieux mais goguenard, connaissant la vie d’Ellington sur le bout des doigts.

Unanimement salué par ses pairs, les journalistes comme les musicien.ne.s, l’homme faisait autorité par sa malice et son humour, sa gentillesse et sa sobriété caractérielle.

Il rejoint ainsi, ce 20 février 2021, son double universel Duke Ellington, pour lequel l’épiphanie avait bien eu lieu.