Chronique

Pilc Moutin Hoenig

Threedom

Jean-Michel Pilc, p ; François Moutin, b ; Ari Hoenig, d.

Label / Distribution : Motéma/Membran

Il s’agit bien ici d’un disque en trio, et non seulement du pianiste Jean-Michel Pilc. Un trio envoûtant qui signe à six mains une bonne part de ces dix-huit thèmes.

Comme son nom l’indique Threedom, qui combine chiffre trois (three) et liberté (freedom) propose en effet, en toute liberté une relecture rafraîchissante et énergique d’une petite dizaine de standards (signés Miles Davis, Charlie Parker, Duke Ellington, Thelonious Monk, George Gershwin…), entrecoupés de pièces thématiques de leur invention.

Il faut saluer l’inventivité de ces trois musiciens qui se saisissent de ces thèmes, les dépouillent et les réinventent. Un peu comme une souris lâchée entre les pattes de trois chats habiles. Pilc au piano est tout en finesse, en nuances, mais c’est pour mieux surprendre par de foudroyantes dégringolades, syncopes et autres martèlements dissonants. Il est suivi en cela par la contrebasse de François Moutin, ronde, ferme et véloce qui, à l’instar d’un bon gardien de but, ne laisse rien passer. Ari Hoenig, dont on connaît le mélodisme à la batterie, propose mille petites interventions qui viennent très justement souligner le propos du trio. A tel point qu’une fusion acoustique s’opère souvent, provocant l’illusion d’une unique source, celle d’un instrument étrange, vibrant, percutant.

L’intelligence réside également dans l’ordre et le choix des thèmes, l’équilibre entre air connus (mais revisités de manière tendue et rythmée) et compositions collectives (souvent plus douces et plus rêveuses) ainsi que dans la courte durée des pièces, qui permet d’en proposer beaucoup.

Le disque se clôt sur « Smile », longue pièce signée Charles Chaplin – manière de rappeler quel compositeur il était aussi - dont le thème est joué aux toms par Hoenig et sa signature si particulière.

L’art du trio, cette quête du Graal pour le jazz, réside peut-être dans ce disque.