

Claudio Fasoli NeXt 4tet
Hasard
Claudio Fasoli (ts, ss), Simone Massaron (g), Tito Mangialajo Rantzer (b), Stefano Grasso (d, perc).
Label / Distribution : Abeat Records
Autrefois pilier du groupe Perigeo où les influences de Soft Machine et Weather Report se mélangeaient aux polyphonies du rock progressif italien, Claudio Fasoli n’a depuis lors jamais cessé d’amalgamer les sons électriques et acoustiques. Admiratif des œuvres de Miles Davis et de John Coltrane, le saxophoniste vénitien a partagé de multiples expériences musicales avec la scène européenne des musiques improvisées.
Claudio Fasoli a depuis longtemps une prédilection pour les quartets, ses enregistrements dans ce format se succèdent avec des partenaires musicaux d’exception. Lido en 1983 avec Kenny Drew, Niels-Henning Ørsted Pedersen et Barry Altschul, Welcome en 1987 avec Kenny Wheeler, Jean-François Jenny-Clark et Daniel Humair, Bodies en 1990 avec Mick Goodrick, Palle Danielsson et Tony Oxley, sont tous à marquer d’une pierre blanche. Son phrasé convient à toutes les situations, les ballades sont sublimées alors que les morceaux nerveux débordent d’une fougue sans pareille. La notion de swing prend tout son sens avec « Trio », le soprano se confrontant à la guitare fertile de Simone Massaron dont Marc Ribot nous dit le plus grand bien. Le langage frénétique des quatre instrumentistes occulte avec ingéniosité leur technique époustouflante.
Le batteur Stefano Grasso déploie un discours sans cesse audacieux. Dans « Pet », il crée un univers éclatant taillé sur mesure pour l’envolée du ténor de Claudio Fasoli. L’intervention envoûtante du contrebassiste Tito Mangialajo Rantzer à l’archet dans « Rada » annonce une atmosphère où règne la noirceur. La diversité des configurations musicales demeure toujours attrayante, les explorations de « KWWK » confèrent une densité au morceau alors que « Vigneti Improvvisi » sublime les rythmes syncopés du jazz.
L’inattendu rejoint sans cesse la poésie dans cet album, les suggestions du saxophoniste proviennent d’un parfait équilibre entre le jeu des rythmes et des sonorités. Sa composition « Des Bains », dédiée à l’hôtel vénitien qui accueillit Thomas Mann en 1911 et où fut tourné en 1971 le film Mort à Venise de Luchino Visconti, est troublante. À presque quatre-vingt six ans, Claudio Fasoli reste un jeune homme en quête de nouvelles aventures.