Scènes

Collectif Koa : comment vivre sa musique

Le jazz, contrairement à beaucoup d’idées reçues, est une musique bien vivante, et les jeunes musiciens qui l’inventent un peu plus nombreux chaque jour.


Le jazz, contrairement à beaucoup d’idées reçues, est une musique bien vivante, et les jeunes musiciens qui l’inventent un peu plus nombreux chaque jour. Nombreux aussi à tenter des aventures collectives. Koa, qui a vu le jour à Montpellier en 2007, est un des exemples réussis de ces entreprises pragmatiques qui sont, en fin de compte, un moyen supplémentaire - mais souvent essentiel - de jouer sa propre musique.

La musique n’est pas seulement une pratique artistique, tout en création et invention pures. C’est aussi une « réalité sociale » si l’on veut vivre de sa passion. Cela implique des efforts d’organisation, voire des contraintes qui n’ont pas grand-chose à voir avec l’art en soi. C’est ainsi qu’en 2007, de jeunes musiciens ont créé le Collectif Koa. Tous étaient à l’époque élèves du Conservatoire de Perpignan où la classe de jazz, vivante et nourrie, était alors dirigée par le guitariste Serge Lazarévitch. Talentueux et passionnés, ils ont voulu tenter l’aventure qui consiste à aller aussi loin que possible dans la pratique et l’invention de leur musique. Sous l’impulsion du bassiste Alfred Vilayleck, la nécessité de se rassembler, de mettre en commun projets et moyens leur est vite apparue : une façon de prendre son destin en main ! Vilayleck est aujourd’hui encore l’animateur, le directeur artistique et, même s’il s’en défend – « collectif » et « démocratie participative » obligent ! –, la « cheville ouvrière » de Koa. L’établissement qu’il appelle « base de lancement » a représenté un travail considérable. Ce rassemblement ne pouvait se faire sans un socle commun de valeurs et d’engagements communs, et ce dès le départ. La même démarche reste, cinq ans plus tard, ce qui soude Koa, et lui permet de « marcher d’un pas assuré » en étant efficace. Le but est largement atteint. Dans le jazz comme ailleurs, l’union et la solidarité font la force et la réussite.

Les membres du Grand Ensemble Koa © Frank Bigotte

Installé à Montpellier, Koa est désormais composé d’artistes venus de toute la région Languedoc-Roussillon, l’âge moyen se situant entre 25 et 30 ans. Il compte une douzaine d’actifs, sur le plan artistique mais aussi quand il s’agit de prendre des décisions en ce qui concerne la structure proprement dite. Celle-ci est administrée par deux personnes seulement, à mi-temps, alors que les actions engagées sont de plus en plus nombreuses et que le collectif s’agrandit au fil du temps. En effet, tous les ans Koa accueille de nouveaux membres souhaitant s’impliquer dans l’aventure sur cette base humaine et idéologique. Citons le Melquiades quartet, qui vient de publier son premier disque Live in Getxo, Alfred Vilayleck Neojazz quartet, le Grand Ensemble Koa, Looking for Abraxas, le Pitch quartet… Un quintet formé pour l’occasion représentera le collectif à New York les 4 et 6 juin 2012, notamment au MOMA. Il jouera aussi avec Steve Coleman et Ari Hoenig, avec qui Koa entretient des relations privilégiées depuis plusieurs années.

Si ce travail est une réussite c’est en premier lieu parce que Koa s’est intégré dans la dynamique culturelle locale en soutenant de nouvelles créations et de jeunes artistes, mais aussi parce qu’il a su proposer une programmation riche, vivante et pertinente dans différents lieux de diffusion. Porté par des valeurs sociales et artistiques fortes, les membres de Koa savent toucher un large public par l’organisation d’ateliers, de rencontres et de master classes… Ainsi, Koa organise en mai un festival devenu un des événements jazz de Montpellier, avec cette année la participation de Julien Lourau, Bojan Z, le H3B de Denis Badault etc., qui ont remporté un vif succès.

De son côté, le Grand Ensemble Koa s’apprête à enregistrer un premier album qui s’annonce foisonnant, marqué par l’enthousiasme de ses musiciens. A l’image du Collectif tout entier, qui s’est donné concrètement, les moyens de vivre sa musique.